Nous vous déconseillons de lire cet article si ce sujet vous touche particulièrement.
Le Tumblr "paye ta police" a recueilli (entre autres) les témoignages de femmes qui ont décidé de porter plainte au commissariat suite à une agression sexuelle. Les réactions des policiers sont écoeurantes, mais expliquent aussi pourquoi tant de femmes n'ont pas envie, ou ont peur de porter plainte. Voici ce que des femmes ont entendu en allant porter plainte :
1. “Mademoiselle, moi j'en ai vu des vrais viols, un vrai viol c'est quand vous êtes dans la rue et qu'il vous met un couteau sous la gorge, c'est affreux ! Là, vous l'avez fait rentrer chez vous, vous n'auriez pas du faire ça, ce n'est pas un vrai viol.”
"Lors de la déposition, le policier n'aura de cesse de m'interrompre pour reformuler mes phrases (...) il refuse de prendre ma déposition en tant de plainte, arguant qu'après tant de mois je n'ai aucune preuve, que ce sera la parole de mon violeur contre la mienne, que c'est du temps perdu, etc. Il transforme ma déposition en dépôt de main courante, malgré mes protestations. Lasse, je finis par me laisser convaincre. Par ailleurs, il me révèle le casier judiciaire de mon violeur, ce qui est totalement illégal : “Vous voyez, il a seulement eu de la conduite en état d'ivresse, votre dossier ne tiendra jamais.”
2. “Et à lui vous en avez parlé ? Il en pense quoi ? Il est d'accord ?”
Ce qu'on m'a répondu quand j'ai dit vouloir porter plainte après avoir été violée par le frère d'une amie.
3. “Tu sais il y a beaucoup de filles qui portent plainte pour viol pour ne pas dire à papa maman qu’elles couchent.”
"Je venais d’annoncer à mes parents que j’avais été victime de viols à répétition, ils décident de porter plainte. (...). J’avais 11 ans."
4. “Vous n'allez pas gâcher sa vie pour ça ?”
“IL VA SE MARIER DANS 2 MOIS, VOUS VOULEZ LUI GACHER LA VIE ? VOUS AVEZ IDEE DU PRIX DU TRAITEUR ?’” ETC.
5. “Calmez vous mademoiselle, ça fait deux jours qu'on dort pas, on n'est fatigués. Je pense qu'on en a fait assez fait pour vous. Puis pourquoi vous l'avez pas dit avant ? Y’en a bien un des deux qui ment.”
"Je n'arrivais plus à contenir mes larmes et mes cris après une confrontation avec l’homme qui m’a violée de 10 à 18 ans. On m'avait appris qu'il allait sortir libre de sa garde à vue, faute de preuve . "
6. “Tu as forcément fait quelque chose pour le provoquer.”
"J'avais 12 ans, violée par mon beau-père pendant une longue période, j'avais enfin réussi à porter plainte. (...)Avec l'avancement de l'enquête, j'ai dû témoigner devant un autre inspecteur qui a voulu tous les détails, les plus sordides, avec une lueur perverse dans les yeux et un “et tu n'as pas aimé ça ?” j'ai eu l'impression d'être violée à nouveau."
7. Ils ont auditionné ma mère en lui posant des questions comme “Regarde-t-elle souvent du porno ?”, “Quelle est sa relation avec son père ?”, “A-t-elle eu beaucoup de petits copains ?”, “Est-elle provocante dans sa façon d'être et de s'habiller ?”.
"J'ai porté plainte contre un ami qui avait abusé de moi au lycée, la pire idée de ma vie, le parcours fût extrêmement chaotique. J'ai dû aller dans 3 commissariats différents et faire 6 auditions."
8. “Donc elle fait des câlins à tout le monde…”
"Pour elle, si elle a était violée c'est parce qu'elle est trop proche de ses amis et des gens qu'elle connait. (...)J'ai été obligée de témoigner alors que je n'étais pas présente à cette soirée, ils m'ont menacée de venir m'arrêter là où je travaille si je ne pouvais pas me déplacer pour témoigner."
9. "Pourquoi tu n’as pas crié ? Pourquoi ne t’es tu pas enfuie ? J’ai du mal à te croire. Tu sais, ça arrive très souvent que des jeunes filles de ton âge inventent ce genre d’histoires"
Toutes ces phrases viennent du policier qui a pris ma plainte alors que je dénonçais l'agression sexuelle dont j'avais été victime dans les transports en commun. J'avais eu beaucoup de mal à me décider à venir porter plainte. Ça m'a détruite. J'avais 12 ans.
10. “Tu veux nous montrer comment ça s’est passé ?”
"Il y a presque 15 ans, après un viol aux abords d'une petite ville du sud. Je me planquais avec mon sac à dos dans un fossé après m'être échappée. Miracle, je vois passer une estafette de police. Je surgis de mon refuge et fais signe pour les arrêter. Ils me prennent en “stop”. Je craque et pleure de soulagement. Je leur dis que je viens de me faire violer. “Ah, oui ? Et tu faisais quoi dans un endroit pareil ?”. Rire de toute l'estafette. “Tu veux nous montrer comment ça s'est passé?”. Gestes obscènes du bassin et des mains de plusieurs d'entre eux. Un, plus bienveillant que les autres dans le ton de voix : “Tu es sûre que tu veux venir avec nous pour porter plainte ? Parce qu'on sera bien obligés de faire une reconstitution, tu sais ?”. Rire général.
Moi : “laissez-moi là, ça ira” … Il était 3 heures du matin au milieu de nulle part, genre zone commerciale, ils m'ont débarquée… Vous savez quoi ? J'ai été soulagée dans l'instant …."
Nous ne pouvons que vous conseiller d'aller vous-même sur le tumblr payetapolice pour prendre conscience de l'horreur que vivent une partie des femmes qui décident de porter plainte contre leur agresseur sexuel.
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