5 ans d'études pour bosser en tant que manager chez McDo. Nul. 7 ans d'études pour envoyer des mails remplis de termes en franglais pour une grosse entreprise. Pourri. 10 ans d'études pour gérer une équipe d'ingénieurs et les forcer à rentrer dans le cadre de ce que la "boite" veut faire et d'où elle veut "aller". Horrible. Mais c'est le monde d'aujourd'hui.
Nos sociétés se remplissent de jeunes ultra diplômés qui ne trouvent pas de travail à la hauteur de leurs compétences, dans un monde de l'emploi concurrentiel et totalement saturé. Mais comment l'expliquer ? Est-ce au salarié de s'adapter au monde de l'entreprise, où est-ce que les entreprises devraient plutôt être la somme de l'intelligence et des savoirs de tous les jeunes diplômés, fringants et motivés ?
De plus en plus de penseurs - économistes, philosophes, sociologues, psychologues - considèrent que notre société ressemble à un cadre de plus en plus restreint. Et dans ce cadre, ils nous expliquent que ce sont les médiocres et les idiots qui réussissent le mieux...
C'est la thèse d'André Spicer, professeur dans une université de Londres, dans son livre Le paradoxe de la stupidité. C'est également le postulat du philosophe Alain Deneault dans son livre La médiocratie. Ou encore celle de David Graeber (anthropologue) dans son article Sur le phénomène des jobs a con. On est désolé pour les utopistes.
Leurs travaux nous expliquent que pour travailler dans une entreprise, un jeune surdiplômé doit souvent débrancher son cerveau et devenir uniquement opérationnel et obéissant. Bête, en somme. Bête de somme. Ce n'est pas pour rien qu'en France, plus de 40% des salariés se font ch... comme des rats morts dans leur boulot. Avouez-le, vous aussi ! Vous aussi vous n'avez eu besoin que de 3 jours pour comprendre que vous alliez répéter les mêmes tâches infiniment...
Source photo : sott.net
Selon eux, les entreprises veulent les meilleurs salariés (évidemment, sinon ce n'est pas drôle) mais ils ne veulent pas d'eux pour leur intelligence démesurée, mais pour leur capacité à être docile. Car finalement, qu'apprend un bon élève à l'école, sinon à obéir parfaitement aux consignes et à les appliquer à la lettre pour avoir les meilleurs notes ? L'école apprend le conformisme, et c'est aussi ce que les grandes entreprises recherchent. Dégueu, n'est-ce pas ?
Pour réussir, les grandes entreprises ont besoin de conformisme. Mais pour avoir une bonne image dans le monde extérieur, l'entreprise doit aussi paraître intelligente. C'est là où il peut y avoir un conflit, puisque les gens intelligents refusent souvent le conformisme.
Spicer, Le paradoxe de la stupidité
Et comment convaincre des gens intelligents de se conformer malgré tout ? Facile. Il faut leur donner de l'argent et de l'amusement ! Ce n'est pas pour rien que les plus grosses entreprises sont celles qualifiées comme "cool" et "fun". Google, Facebook, Beats, Airbnb sont donc complices. Comme nous tous.
Source photo : giphy
Car être le seul à élever la voix et à nager à contre-courant, ce n'est pas donné à tout le monde. Peu l'osent. Car c'est être le relou qui prolonge la réunion pour poser des questions. C'est être celui qui va au conflit avec son supérieur. Qui se fait regarder de travers par ses collègues. C'est humain de vouloir faire comme tout le monde. Et donc de baisser la tête.
Le souci, c'est que même si on ne l'est pas, on feint la stupidité. On feint la conformité. Et on la fait triompher.
Comme l'explique à merveille André Spicer, les grosses entreprises sont trop puissantes pour être remises en cause et économiquement, elles sont les seules à pouvoir embaucher. Du coup, elles peuvent continuer leur manège sans que personne ne puisse contester. Les jeunes salariés acceptent d'être sous-exploités en échange d'une paie correct, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes (1984, cesse de distiller tes dystopies dans nos cerveaux). Amen !
Si toi aussi tu as un job à la con, viens nous raconter ton quotidien ! Et n'oublie pas de liker et de partager l'article !
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