En 2006, totalement par hasard, des scientifiques ont surpris une otarie mâle tenter d'avoir une relation sexuelle avec une femelle manchot. Et autant vous dire qu'ils avaient été sacrément surpris ! Sauf que depuis 10 ans, ce genre d'épisodes s'est répété à de nombreuses reprises. Et les journalistes, à la recherche de clics, ont rapidement titré que des otaries "violaient" des manchots royaux (vous savez, des sorte de pingouins, mais pas des pingouins).
Mais peut-on parler de viol dans le monde animal ? On va tenter de vous donner la réponse la plus scientifique possible !
Afin d'être sérieux, notre propos s'appuiera sur une étude appelée Multiples exemples de manchots royaux (Aptenodytes patagonicus) harcelés sexuellement par des otaries à fourrure (Arctocephalus gazella) publiée dans le journal Polar Biology et qui est le résultat de 5 chercheurs qui ont étudié 4 situation d'attaques sexuelles d'otaries sur manchots entre 2006 et 2012.
Source photo : twitter
Voici comment les chercheurs résument les 4 agressions qu'ils ont observées :
On peut commencer par préciser que sur les 4 tentatives recensées, il y a eu acte de pénétration constaté une fois. Dans un autre cas, l'otarie a fini par tuer le manchot qu'elle agressait avant de le manger en partie. L'étude précise :
A chaque fois, une otarie poursuit un manchot, l'attrape et tente de copuler à plusieurs reprises, à chaque fois pendant des périodes de 5 minutes entrecoupées de période de repos.
Selon les scientifiques, ces agressions sont commises par des otaries de 3 à 4 ans, des jeunes adultes en pleine excitation sexuelle ce qui peut parfois les mener à ce comportement "anormal". D'autres études expliquent que chez l'animal, pulsion de chasse et pulsion sexuelle sont liées. A croire que les otaries s'emmêlent les pinceaux un peu trop souvent...
Pourquoi il ne faut pas utiliser le mot "viol" ?
Mais étrangement, nos chercheurs n'utilisent pas une fois les mots "viol" ou "agression sexuelle" dans leur étude. Ils choisissent volontairement les termes de "harcèlement sexuel" et de "coercition sexuelle". Pourquoi ? Comme l'explique Nico de Bruyn, l'un des responsables de la recherche :
C'est un terme anthropocentrique, mais qui peut être vu comme synonyme de coercition sexuelle finissant en copulation. Le mot "viol" est un terme attrape-l'oeil pour faire les gros titres, un terme que tout le monde comprend, à l'inverse de "coercition".
Source photo : giphy
Attention, ne soyez pas outré tout de suite : au cas où vous ne le sauriez pas, le mot "coercition" marque bien l'acte de copulation forcé et violent, elle est bien plus forte que l'expression "agression sexuelle". Il semble simplement plus approprié - pour les scientifiques - d'utiliser un terme propre aux animaux plutôt que d'utiliser un mot qui s'applique culturellement aux humains.
C'est comme si on appliquait les mots "perversion", "jalousie" ou "nudité" au monde animal. Ça n'a pas de sens, ils n'interprètent pas la réalité comme nous.
On ne peut pas utiliser la morale de l'Homme pour expliquer le monde, notamment le comportement des animaux. C'est aussi pour cela que même si ça peut paraître violent pour certains, les humains n'ont pas à intervenir lorsqu'ils assistent à une scène animale de coercition sexuelle !
Vous comprenez ?
Évidemment qu'on est triste pour les pauvres petits manchots royaux, mais on sait aussi qu'en temps qu'êtres humains, ce n'est pas notre rôle de vouloir contrôler la nature (ni de la détruire, cela va de soit).
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