Les soupçons sont nés d’une tribune publiée par Valeurs Actuelles en 2020.
Après BFMTV, c’est au tour d’un autre journal d’être accusé d’ingérence
Le média d’extrême droite Valeurs Actuelles est suspecté d’ingérence étrangère suite à une tribune sur la Croix-Rouge au Burkina Faso, publiée en août 2020. L’auteur de la tribune s’interrogeait alors sur une possible connivence entre l’organisation humanitaire et certains groupes djihadistes opérant au Burkina-Faso.
Valeurs Actuelles est-il (encore) allé trop loin ?
En août 2020, Valeurs Actuelles publiait, sur son site, une tribune titrée « Le Comité international de la Croix-Rouge, parrain involontaire du terrorisme au Burkina Faso ? » L’auteur de cette tribune n’est autre qu'Emmanuel Dupuy. Radio France rappelle que ce dernier est l'« ex-conseiller ministériel et secrétaire national de l’UDI en charge des questions de Défense, il est régulièrement invité par de grands médias français comme LCI, BFMTV ou France Télévisions ».
🔴 Le Comité international de la Croix-Rouge (@CICR_fr), parrain involontaire du terrorisme au Burkina Faso ?
▶️ Par Par Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)
https://t.co/5Qsy1qdguB via @Valeurs
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) August 3, 2020
Emmanuel Dupuy est, par ailleurs, le directeur de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. Dans sa tribune, il commence par rendre hommage au travail effectué par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Il s’interroge, ensuite, sur la manière dont le CICR parvient à mener ses activités « sans trop d’entraves » dans des zones qui sont pourtant sous contrôle djihadiste.
Emmanuel Dupuy ajoute que le CICR « aurait engagé un compromis avec les groupes terroristes des régions dans lesquelles il exerce ». Il affirme tenir cette affirmation « de source sûre ». Face à la gravité de ces accusations, le CICR a dû tenir une conférence de presse afin de calmer le jeu. De nombreux médias locaux avaient, en effet, repris et diffusé cette information.
Des soupçons d’ingérence
Il se trouve que la tribune d'Emmanuel Dupuy a été rédigée suite à une requête du président burkinabé de l’époque, Roch Marc Christian Kaboré. Un coup d’État a depuis renversé Kaboré, début 2022.
Selon une nouvelle enquête publiée par Forbidden stories, Valeurs actuelles a, comme BFMTV, été la cible d’une campagne de désinformation pilotée par une société israélienne
Le journal reconnaît une «erreur de discernement»https://t.co/uCNWFlK4E4
— Le Parisien (@le_Parisien) February 16, 2023
Kaboré souhaitait alors évincer la Croix-Rouge et l’empêcher d'exercer sur le sol burkinabé. À cette fin, il avait fait appel à la société israélienne Percepto, afin de « l’écarter du jeu ». Selon nos confrères de Télérama, cette dernière s’était fait connaître, en 2016, en aidant Donald Trump à remporter la primaire républicaine. Les méthodes qu’elle avait alors employées n’étaient pas des plus honnêtes.
Pour sa part, Emmanuel Dupuy nie tout contact avec la société israélienne Percepto. Il reconnaît toutefois avoir échangé avec une autre société israélienne, elle aussi proche du président burkinabé. Celle-ci aurait servi d’intermédiaire entre Emmanuel Dupuy et Percepto.
« Cela me paraît grave »
Les accusation ne s'arrêtent pas là pour Valeurs Actuelles. Le média serait récemment apparu dans le Catalogue de Getfluence. Cette société toulousaine qui se vante de pouvoir placer des articles publicitaires au sein de médias connus, sans préciser qu’il s’agit en fait de contenus sponsorisés. Cette pratique est évidemment illégale. Il serait ainsi possible de publier n’importe quelle information sur le média Valeurs Actuelles, moyennant un paiement de 5 646 euros.
Interrogé à ce sujet, le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, a assuré ne rien en savoir : « Je ne comprends pas pourquoi notre média apparaît sur leur plateforme. Cela me paraît grave. Il nous arrive occasionnellement, mais très rarement, de publier des contenus sponsorisés (avec des collectivités locales dans le sud de la France notamment, deux fois cette année). Mais c’est, bien sûr, spécifié à chaque fois ». Ainsi, Valeurs Actuelles se retrouve au cœur d’un double scandale qui risque de continuer à faire couler de l’encre.