Attentats de Paris : le témoignage poignant d’une survivante du Bataclan

Après les attentats de Vendredi qui ont fait plus de 130 morts, de nombreux témoignages ont fait surface.

Isobel Bowdery faisait partie de ces centaines de spectateurs qui se trouvaient dans la salle du Bataclan lors de la fusillade. Dans son témoignage poignant, elle raconte comment elle a fait semblant d'être morte pour survivre, Mais elle raconte surtout l'élan de solidarité qui a suivi le massacre.

Ce texte a été partagé plus de 800 000 fois et il a été liké presque 3 millions de fois. On vous l'a traduit ci-dessous.

Vous ne pensez jamais que ça va tomber sur vous. C'était juste un vendredi soir à un concert de rock. L'atmosphère était super et tout le monde chantait et dansait. Et quand les hommes sont entrés par la porte principale et ont commencé à tirer, on a naïvement cru que ça faisait partie du spectacle. Ce n'était pas qu'une attaque terroriste, c'était un massacre. Des dizaines de personnes ont été tuées sous mes yeux. Des mares de sang se sont répandues sur le sol. On entendait les cris d'hommes qui tenaient les corps sans vies de leurs copines. Des vies entières détruites, des familles brisées. Choquée et seule, j'ai fait la morte pendant plus d'une heure, couchée parmi des gens qui voyaient le corps leurs êtres chers sans vie... Je retenais mon souffle, j'essayais de ne pas bouger, de ne pas pleurer, de ne pas montrer la peur que ces hommes attendaient tant. J'ai eu énormément de chance d'avoir survécu. Mais tellement d'autres n'ont pas eu cette chance. Les gens qui étaient là pour la même raison que moi, pour passer un bon vendredi soir, étaient innocents. Ce monde est cruel. Et ce genre d'actes est censé montrer la dépravation des humains, les images de ces hommes qui nous ont tourné autour comme des vautours me hanteront pour le restant de ma vie. Cette manière qu'ils ont eue de mettre soigneusement en joue les gens dans la fosse où j'étais avant de les abattre sans la moindre considération pour la vie humaine. Ça n'avait pas l'air réel, je m'attendais à ce qu'on me dise "c'est un cauchemar".

Mais ayant survécu à cette horreur, je peux me permettre de rendre hommage aux héros. À l'homme qui m'a rassurée et qui a mis sa vie en danger pour protéger ma tête pendant que je pleurais. Au couple dont les derniers mots d'amour me font encore croire à la bonté dans ce monde. Aux policiers qui ont réussi à sauver des centaines de personnes. Aux inconnus qui m'ont récupérée dans la rue et qui m'ont consolée pendant les 45 minutes où j'ai cru que l'homme que j'aime était mort. À l'homme blessé que j'ai pris pour lui, et qui m'a tenue dans ses bras quand je me suis rendu compte que ce n'était pas Amaury, même s'il était aussi seul et effrayé que moi. À la femme qui a ouvert sa porte aux survivants. Aux amis qui m'ont hébergée et qui sont allés m'acheter d'autres vêtements pour que je n'ai plus à porter ce haut tâché de sang. À vous tous, qui m'avez laissé des messages de soutien très touchants. Vous me faites croire que ce monde peut faire mieux. Que ça ne se reproduira plus jamais.

Mais ce message est surtout pour les 80 personnes qui ont été tuées à l'intérieur de cette salle. Ceux qui n'ont pas eu de chance, ceux qui ne se sont pas réveillés ce matin. Pour la souffrance de leurs familles et leurs amis. Je suis tellement désolée. Rien n'effacera la douleur. Je suis privilégiée d'avoir été présente pour leur dernier souffle. Et croyant que j'allais les rejoindre, je peux vous promettre que leurs dernières pensées n'ont pas été pour les animaux qui nous ont fait ça. Elles ont été pour les gens qu'ils aimaient. Couchée dans le sang d'inconnus, à attendre la balle qui allait mettre fin à mes 22 années d'existences, j'ai visualisé tous les visages que j'ai aimés, et je leur ai murmuré "je t'aime" encore et encore. J'ai visualisé les meilleurs moments de ma vie. En espérant que ceux que j'aime sachent à quel point je les aime, en espérant que peu importe ce qui allait m'arriver, ils continueraient à croire à la bonté de la vie, en espérant qu'ils ne laissent pas ces hommes gagner. La nuit dernière, la vie de beaucoup de gens a été changée à tout jamais, et c'est à nous d'être des gens meilleurs. C'est à nous de vivre la vie que les victimes innocentes ne pourront jamais vivre. Reposez en paix, on ne vous oubliera jamais.

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