Le plaignant réclamait 5 000 euros de dédommagement ou la mort du coq.
Carcassonne : attaqué en justice, le coq Saturnin gagne enfin son procès
Près de Carcassonne, dans l'Aude, une affaire en justice a opposé un homme à un coq, prénommé Saturnin. Le plaignant avait dénoncé les nuisances sonores occasionnées par le chant du coq.
Le verdict vient de tomber, suite à cette affaire pour le moins insolite. La requête du plaignant a été rejetée. Saturnin va donc pouvoir continuer à chanter, en se pavanant fièrement au milieu de sa basse-cour.
17 chants en 5 minutes
Un contentieux a récemment opposé un résident du hameau de Villalbe, dans l'Aude,... à un coq. Et c'est en faveur du gallinacé que le tribunal de Carcassonne a décidé de trancher. Le plaignant reprochait au coq de chanter trop fort de manière trop fréquente. C'est ainsi qu'il a réclamé une indemnité de 5 000 euros aux propriétaires du volatile. Il a également évoqué la possibilité de faire abattre le coq, dans le cas où celui-ci refuserait de mettre un terme à ses chants matinaux.
Me Franck Alberti est l'avocat de la famille Voltes-Bobic, propriétaires du coq Saturnin. Il a tenu à saluer le verdict rendu par la cour de Carcassonne. « Dans sa décision, le tribunal a affirmé le caractère rural du hameau. Nous sommes dans un petit village où les cloches sonnent toutes les demi-heures entre sept heures et 22h30, où les tracteurs des trois vignerons traversent dès six heures du matin les rues principales au moment des vendanges. Au-delà de ce conflit de voisinage, on rend justice à ceux qui prennent conscience des bienfaits de la campagne », a-t-il déclaré.
Le tribunal de Carcassonne a tranché en faveur du coq Saturnin, installé dans le hameau de Villalbe (Aude) à environ 4 km de la cité médiévale. Le chant (trop) matinal dérangeait un des voisins, qui réclamait son départhttps://t.co/b6ahj5xWbo
— Le Parisien (@le_Parisien) February 21, 2023
Un huissier de justice avait estimé que le plaignant était, en partie, responsable de la fréquence des chants de Saturnin. Dans le but de recueillir des preuves, afin d'accabler le volatile, il avait filmé le coq dans sa basse-cour. C'est, en réalité, le flash de l'appareil photo de ce voisin qui a déclenché ces chants à répétition.
Saturnin a bien failli être séparé de ses propriétaires
Les propriétaires de Saturnin, « des gens très sympathiques », selon un voisin, avaient envisagé dans un premier temps de se séparer de leur coq. « On s’était renseignés pour le donner à une association qui fait de la médiation animale avec des jeunes enfants handicapés, si jamais ça dérangeait quelqu’un. Mais quand on a vu que ça ne dérangeait qu’une seule personne, on a décidé de le garder avec nous », a expliqué Charlotte Voltes, la propriétaire de Saturnin.
Me Alberti a ajouté, pour sa part, qu'il avait « présenté au tribunal pas moins de treize attestations d’autres voisins affirmant l’absence de nuisance ».
Le chant du coq protégé par la loi
Cette affaire n'est, en fait, pas inédite. Les coqs Maurice et Pitikok, résidant respectivement à l'Ile de Ré et dans les Hautes-Pyrénées, avaient fait l'objet de plaintes similaires. À l'instar de Saturnin, ils avaient été sauvés par la justice.
Chant du coq ou des cigales, effluves de crottin de cheval ou d'étable... le Parlement a adopté définitivement aujourd'hui, par un ultime vote du Sénat, une proposition de loi introduisant la notion de "patrimoine sensoriel" des campagnes dans le droit français #AFP pic.twitter.com/LFWfY291Dw
— Agence France-Presse (@afpfr) January 21, 2021
En 2021, une loi a même été votée dans le but de protéger le « patrimoine sensoriel des campagnes ». Il est ainsi inutile de porter plainte contre le bruit des tracteurs, le son des cloches ou le chant des coqs. Le plaignant dispose désormais du droit de faire appel de cette décision de justice.