L’enseignante voulait illustrer “la richesse artistique islamique“.
Etats-Unis : une enseignante perd son poste pour avoir montré une image du prophète Mohammed
Le Dr Erika Lopez, professeure vacataire à l'université de Hamline dans le Minnesota, vient d’être licenciée. Le motif invoqué pour expliquer la révocation de son contrat ? Elle a montré à ses étudiants une image du prophète Mohammed. C'est une étudiante qui a décidé de se plaindre auprès de l’établissement.
Une religion qui proscrit le culte des images
Les faits remontent au mois d’octobre 2022. Le cours dispensé par le Dr Erika Lopez portait sur l’histoire mondiale de l’art. L’enseignante avait préalablement informé ses étudiants qu’elle comptait “montrer la riche variété de la création artistique au sein des traditions islamiques”, en dévoilant une image du prophète Mohammed. Cette dernière représente le prophète recevant les révélations de l’ange Gabriel, sur le mont Hira. Cette peinture a été réalisée en Iran, au début du XIVe siècle.
Suite à la plainte de l'étudiante, la professeure a perdu son emploi. La direction de l’établissement a qualifié son enseignement d’”irrespectueux et islamophobe.” Rappelons que la religion musulmane interdit toute représentation du prophète Mohammed.
ENTRETIEN. Le directeur de l’INHA revient sur les raisons de la mise à l’écart d’Erika Lopez Prater dans une université américaine, pour avoir montré une image du Prophète. https://t.co/pkTWKVApoD
— Peggy Sastre (@nikitakarachoi) February 1, 2023
L’INHA (Institut national d’histoire de l’art) a tenu à réagir à cet événement qui s’est déroulé outre-Atlantique. Il a tenu à exprimer son soutien au Dr Lopez. Il s’agit, selon lui, d’"une œuvre à la valeur inestimable pour l'histoire et pour le patrimoine artistique mondial […] maintes fois étudiée, exposée et publiée, aussi bien au sein d'ouvrages destinés à des spécialistes que dans des contextes visant de plus larges publics, comme les universités ou les musées".
Le Coran interdit-il réellement la représentation du prophète ?
L’époque que nous vivons serait-elle caractérisée par son intolérance ? À vrai dire, le phénomène n’est pas vraiment nouveau. L’on assiste de plus en plus à ce type de conflits entre l’enseignement et la foi de certains individus. L’enseignement n'a pas pour but de heurter la sensibilité des uns et des autres. Et il faut dire qu’en la matière, la sensibilité de certains a tendance à s’exprimer avec véhémence. L’enseignement de faits avérés cède, souvent, la place au déni historique.
C’est justement cette autocensure que l’enseignant Samuel Paty avait refusé de pratiquer en dispensant ses cours. Ce principe, il l'a payé de sa vie. Il a été assassiné en octobre 2020 pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mohammed.
L’INHA a souhaité prendre le parti de cette enseignante, afin de mettre en garde contre les dérives probables de ce type d’autocensure. Rappelons que dans le cas présent, l’enseignement du Dr Lopez n’a enfreint aucune loi. Il s’agit simplement d’une décision prise en interne par un établissement universitaire. Mais cela n'a suscité aucune réaction de la part de l’opinion américaine.
Motion votée à l’unanimité par le Comité français d’histoire de l’art à l’instant @CFHA_HistArt pour soutenir le professeur Erika Lopez Prater honteusement exclue de l’université @HamlineU pic.twitter.com/l7XZd4DeQH
— La Tribune de l'Art (@ltdla) January 21, 2023
Rappelons, à toutes fins utiles, que le Coran n’interdit pas la représentation du prophète Mohammed. Il met plutôt en garde contre l’adoration et le culte des images, quelle que soit leur nature. Pour beaucoup de spécialistes de l'islam, c'est cette "simplification à l’extrême" de la religion musulmane qui est à l’origine de l’autocensure à laquelle nous assistons de plus en plus fréquemment.