Quand t’es tout seul sur ton canapé et que tous tes amis s’éclatent en vacances…
J’ai failli devenir un vrai loser à cause de Facebook et d’Instagram
"Il est 20h35. Je viens de rentrer d'une épuisante journée de travail et je me relaxe dans mon salon avec une petite bière. Sans y réfléchir, j'allume mon ordinateur, et mon Facebook dans la foulée. Et là, de merveilleuses images s'offrent à mon regard : des plages magnifiques et des petits messages plein de joie, des bébés qui viennent de naître, des couples souriants, des festivals, des coeurs, des cours d'eau sinueux qui passent entre les montagnes, des plats super appétissants...
D'un coup, posé sur mon canap', je me sens carrément seul. Et dehors, il se met à pleuvoir.
Je croyais que Facebook avait été inventé pour rassembler les gens. Pour créer du lien. Mais tout cela n'est qu'un mensonge. Sur les réseaux sociaux comme FB ou Instagram, on ne met en avant que le best-of de nos vies. C'est une vraie compétition pour déterminer qui aura la vie la plus cool.
Du coup, quand tu es tout seul chez toi, il vaut mieux éviter d'aller se balader sur ces sites où les vies nulles n'existent pas, sous peine de faire une grosse déprime et de se prendre pour le dernier des losers. (#VDM)
Une fois que tu as plongé dans ce vortex, tu as l'impression d'être dans un monde parallèle où les licornes existent et où tout le monde est heureux. Du coup, tu as une sensation désagréable de ne pas appartenir à son monde de conte de fées et ça te déprime. Et en même temps, tu deviens accro à cette illusion qui te semble tellement plus douce que la vraie vie et tu as beaucoup de mal à refermer cette boîte de Pandore.
Pourtant, avant d'ouvrir ma page Facebook, j'étais plutôt content de ma journée. On avait bien rigolé avec mes collègues, mon patron était de bonne humeur. Les transports avaient fonctionné correctement. Ma voisine n'avait pas mis son courrier dans ma boîte aux lettres. Et là, je me retrouve face à la joie des autres et mon propre bonheur m'apparait comme ridicule, tout petit.
C'est une guerre psychologique. Et la solitude est une arme de destruction massive surtout en plein de mois de juillet, quand les vacances sont loin et que la pluie tape aux carreaux.
Si ça se trouve, cette jeune femme s’emmerde profondément Instagram/sinsuco
Mais plutôt que de me laisser abattre, j'ai fermé mon Facebook et j'ai fait quelques recherches sur le web afin de comprendre mon malaise. Et j'ai trouvé plein de gens qui vivaient le même calvaire que moi à chaque fois qu'ils croisaient une plage paradisiaque ou un hamburger gras et délicieux en surfant.
Je partage quelques témoignages avec vous, en espérant que ça vous remonte un peu le moral !
Instagram, c’est l’une des pires choses qui soit arrivée à notre société. C’est la culpabilisation à coups d’intérieurs nickels et de daronnes parfaites qui jouent du ukulélé, c’est les filles mégabonnes qui prennent des photos au Club Med Gym alors que t’as repris trois fois de la brioche au petit-déjeuner, c’est les gens qui font la fête avec [des stars] alors que tu bois un Monaco toute seule en terrasse d’un PMU qui donne à la fois sur le boulevard et sur le métro aérien.
[...] Au lieu de profiter de mon quotidien, je le photographie et je fous un filtre dessus. Je suis devenue le touriste relou dans le musée de ma propre vie, imposant à mes followers la photo où j’ai une tête trop mimi dans la quête d’un petit like.
Marine Normand, 28 ans, journaliste chez Retard Magazine
Après avoir lu ces mots, j'ai eu l'idée idiote d'aller voir mon compte Instagram, et de fut l'erreur de ma vie : le top du top pour se sentir loser, c'est de tomber sur une photo magnifique de son ex avec un nouveau bonhomme/une nouvelle demoiselle, canon, bronzé(e) et tout.
Après l'avoir stalké un peu et avoir ressenti la déprime pointer tout au fond de soi, la suite logique consiste à essayer d'appeler un ami et n'avoir pour seul contact "humain" que la voix idiote de son répondeur. Et finir sa soirée en mettant sur Facebook les images d'un coucher de soleil en Normandie, résultat de vacances datant de 6 mois ou plus...
Je n’ai jamais vraiment compris à quoi servait Facebook, je n’ai jamais mis de statut, ni de vraie photo de profil, je n’ai jamais eu envie de me mettre en scène et, avec ce réseau, j’ai eu très vite l’impression d’une foire exhibitionniste vachement narcissique et extrêmement chronophage. J’avais une vie sociale, des amis, un mec et pourtant ma timeline me déprimait, j’avais la sensation d’être une loseuse. Ça me faisait me sentir super minable, je me demandais comment les gens faisaient pour passer leur temps à Courchevel ou à Marrakech, ou bien pour vivre des trucs chanmé sans arrêt.
Serena, 33 ans, déconnectée de Facebook depuis 4 ans
C’est comme le sentiment de pauvreté, on se sent davantage pauvre au milieu de gens riches et ça fonctionne de la même façon sur la richesse émotionnelle. Face à des gens qui ont plein d’amis, plein d’activités, on dévalorise son propre capital social alors même qu’il était satisfaisant.
Sébastien Dupont, psychologue
Le psychologue Sébastien m'a rassuré. Selon lui, les photos sur les réseaux sociaux ne sont que des mises en scène. Elles ne reflètent pas du tout la réalité. Elles sont là pour rassurer ceux qui les partagent et pour faire le jeu d'une nouvelle habitude sociale... La preuve :
Je postais des photos juste pour qu’elles soient vues. Je me souviens d’une fois, j’étais en vacances, j’ai demandé à une pote de me prendre en photo sur la plage, à ce moment-là, c’était juste après ma rupture, j’étais hyper triste et sur le cliché, je suis bronzée et je souris. Tout le monde a commenté en disant ‘trop bien’ alors qu’en vrai, j’avais envie de me noyer, de m’accrocher une pierre autour du cou et de sombrer. On met sa vie en scène en permanence, on s’oublie et on finit parfois par s’éloigner de ce que l’on est vraiment.
Lili, 34 ans, déconnectée de Facebook depuis quelques mois
Avec l’individualisation de la société et la chute des grandes valeurs, il est de plus en plus difficile d’évaluer la valeur de sa vie et de son identité, le seul critère qui reste, c’est: la vie que j’ai mise en scène est-elle plébiscitée par mon public, c’est-à-dire mon groupe d’‘amis’?
[...] Une grande partie de cette génération voit tout ça avec beaucoup de distance, ils montrent leur bonheur, ils se prêtent au jeu mais avec une espèce de conscience suraigüe que ce n’est pas là que ça se joue.
Sébastien Dupont, psychologue
Après avoir lu tout ça, je me suis senti un peu mieux. J'ai liké les photos de mes amis, de mes ennemis, en me disant qu'ils en avaient sûrement plus besoin de moi. J'ai effacé mes photos de coucher de soleil, qui avaient à peine récolté 5 pauvres J'aime.
Et je suis sorti me balader. Tout simplement. Alors si j'ai un seul conseil à vous donner, c'est : éteignez votre ordinateur, souriez : le vrai monde conduit au vrai bonheur.
Bonne journée !"