Cette tradition va mourir avec elles…
Voici la douloureuse histoire des dernières Chinoises aux pieds bandés !
Source : bbc
La photographe Jo Farrel a cherché et retrouvé les dernières femmes aux pieds bandés. Au début, la photographe n'est pas sûre que de telles femmes soient encore vivantes. C'est dans un petit village de la province du Shandong qu'il en retrouve une du nom de Zhan Yun Ying !
Au début, certaines femmes refusent de se laisser photographier.
Source : facebook (jo farrel)
Ce n'est qu'après avoir vu le premier catalogue que Jo Farrel fait sur elles, qu'elles acceptent toutes de se faire prendre en photo, et décrivent un processus vieux de 900 ans.
Il faut commencer tôt, environ de 4 à 9 ans, avant que le pied n'ait le temps de se développer. Les premières étapes se font généralement en hiver : le froid engourdi les pieds, diminuant la douleur !
Source : Source : facebook (jo farrel)
Tout d'abord, les pieds sont trempés dans un mélange d'herbes et de sang d'animal, afin de l'amollir. Puis, les ongles sont coupés aussi courts que possible, afin d'éviter qu'ils s'incarnent et ne provoquent des infections. Les quatre petits orteils sont ensuite brisés, et recourbés avec force sous le pied avec des bandages de coton. Le gros orteil lui, est laissé en grande partie intact.
Source : wikimedia
Le reste du pied est ensuite enveloppé dans un bandage très serré, de sorte à ce que le talon se rapproche des orteils. La voûte plantaire se plie alors, et se brise. À chaque couche de tissu enroulé, la femme en charge de l'opération resserre l'étau. Les bandages sont cousus à des endroits divers afin de s'assurer qu'ils tiennent bon !
Source : wikimedia
Une fois le douloureux processus terminé, des chaussures spéciales "en lotus" sont données à la jeune fille. Elle est ensuite forcée de marcher avec sur ses pieds encore endoloris. La douleur causée par les premiers pas serait assez insupportable !
Source : Source :jo farrel photography
Tous les deux ou trois jours, les pieds de l'enfant sont déliés. Un grand soin est apporté alors au pied ! Il est lavé, les ongles sont coupés et les chairs nécrosées sont retirées. Le pire, est que souvent, les pieds doivent être pétris et même battus, pour rendre les articulations plus flexibles ! À chaque fois que le bandage est remis toutefois, il est un peu plus resserré !
Source : facebook (jo farrel)
L'opération comporte bien sûr beaucoup de risques ! Pendant les années de croissance de la jeune fille, ses ongles peuvent ouvrir une plaie dans son pied s'ils ne sont pas bien coupés. C'est alors l'infection assurée ! Si les pieds s'avèrent trop serrés, la gangrène peut même s'installer. Même lorsque tout est fait à la perfection, les pieds peuvent toujours se gonfler de pus. La peau risque alors de s'ouvrir d'elle-même, causant d'autant plus de souffrances en plus d'une odeur nauséabonde !
Le pire, la courtisane, et la fin…
Source : facebook (jo farrel)
L'un des pires éléments de cette tradition est qu'elle ne se termine jamais vraiment. Même une fois adulte et leur croissance achevée, les Chinoises doivent s'occuper de leurs pieds pour le restant de leurs jours. Ils sont liés, déliés, lavés, et durement traités jusqu'à la mort. Toute interruption pourrait les faire se déformer de manière non contrôlée, ce qui serait tout aussi douloureux que le processus de liaison !
Source : seesnowflower
Cette tradition serait née au 10ème siècle de notre ère. La concubine favorite de l'empereur Li Yu, danse pour lui. Son nom est Yao Niang. Lors de sa performance, elle évolue en rétractant ses orteils, ses pieds dans un ornement en forme de lotus. Non seulement cela modifie la forme de ses pieds, mais cela donne à son corps une position très sensuelle, qui semble être supportée par ses cuisses et son fessier.
Source : facebook (jo farrel)
Ainsi, dès le début, le fait de bander ses pieds est un acte teinté d'érotisme. Les rivales de Yao Niang auraient tenté de l'imiter en liant leurs pieds à leur tour, afin de gagner les faveurs de l'empereur ! C'est de cette manière que cette pratique aurait commencé à se répandre parmi les femmes de la cour de Chine !
Source : trashcancan
Au 12ème siècle, les pieds bandés se sont très vite répandus. De plus en plus de jeunes filles sont soumises à cette mode. Au 17ème siècle, au début de la dynastie Qing, chaque fille qui souhaite se marier doit avoir les pieds bandés ! C'est un symbole de leur statut social : une femme avec ce genre de pieds n'a pas besoin de travailler !
Seules les femmes au statut plus modeste, les plus pauvres, ne se bandent pas les pieds. Elles ne peuvent se le permettre, surtout les pêcheuses : un tel handicap les empêcherait de tenir en équilibre sur un bateau !
Source : facebook (jo farrel)
Ce n'est qu'à la fin de la Dynastie Qing que cette pratique commence à se raréfier. À cette époque, plus de la moitié des femmes ont leurs pieds liés. Celles de la hautes société par contre, se les font toutes bander !
Des femmes chinoises chrétiennes se battent pour l'abandon de cette pratique. Sous l'influence du monde occidental, les Chinois modernes commencent à comprendre que se bander les pieds est incompatible avec une vie moderne. Lorsque la nouvelle république de Chine est instaurée en 1912, la pratique est abandonnée et même interdite ! Seuls quelques peuples habitant dans de lointaines régions montagneuses la continuent.
Source : facebook (jo farrel)
Aujourd'hui, cela fait plus de 103 ans que la pratique est prohibée en Chine. Ces quelques femmes sont les dernières témoins vivantes de cette époque, les ambassadrices des derniers pieds bandés de l'Histoire…