Un homme explique comment venir en aide à une victime de harcèlement

Aiderez-vous à faire bouger les choses ?

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Par La rédaction Modifié le 12/05/2016 à 16:00
Banderolle Harcelment Transport

Depuis que la jeune belge Sofie Peeters a publié sur Youtube une vidéo de son quotidien en tant que femme, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le phénomène du harcèlement de rue.

fausse campagne contre le harcèlement dans les transports

source : theworld-of-solitudeman.blogspot.com

Jusqu'alors, il était inconnu de la plupart des hommes, ou considéré comme un cas à part. Mais d'après de nombreux sondages, une grande majorité des femmes en est victime régulièrement. Par exemple, un sondage lancé par Madmoizelle montre que plus de 94% des femmes a déjà été victime de harcèlement verbal ou physique dans la rue (retrouvez les résultats de ce sondage ici).

Le harcèlement de rue ne se cantonne pas à la rue, il sévit aussi dans les transports notamment. C'est dans le métro que Vincent Lahouze s'est retrouvé face à l'une de ces situations ; au départ déstabilisé, il lui est venu l'idée de s’asseoir près de la victime et de faire comme s'il la connaissait. Le harceleur est donc parti : un véritable soulagement pour la jeune femme.

Voici son récit tel qu'il l'a écrit sur Facebook :

Hier soir, j’ai pris le métro, comme chaque jour.

Et fidèle à mes habitudes, je n’ai pas mis les écouteurs, fidèle à mes habitudes, je me suis installé dans un coin de la rame à moitié vide et j’ai observé les gens. Ceux qui rentraient du boulot, ceux qui partaient à l’apéro, ceux qui allaient au restaurant, au cinéma, ceux qui n’allaient nul part mais qui étaient là, tout de même.

J’étais là, occupé à observer mes compagnons de voyage de quelques minutes quand je les ai vus, à l’autre bout, contre la vitre. De loin, on aurait pu penser que c’était un jeune couple en train de se disputer. L’homme se tenait à quelques centimètres de la jeune femme, la main sur son poignet et il semblait être parti dans un long monologue pour la convaincre de rester. J’essayais d’imaginer ce qu’il avait bien pu faire pour qu’elle l’ignore à ce point. Sûrement une histoire de tromperie. C’est ce que j’ai cru, au début.

Mais quelque chose dans le regard de l’homme m’a fait changer d’avis. Alors, je me suis approché de quelques mètres, tout doucement. La jeune femme avait le visage tourné vers la vitre, elle semblait tétanisée. Je me suis approché encore, pour écouter ce que l’homme lui disait, collé à elle.

"Toi j’vais te baiser tu sais oh oui j’vais te baiser salement et tu vas aimer ça hein bien sûr que tu vas aimer ça mmh allez t’écoutes ce que j’dis petite pute réponds petite salope j’sais que tu en as envie je l’ai vu dans ton regard de petite chienne en chaleur fallait pas porter une jupe si t’es pas intéressée ouais toi j’vais te baiser…"

La jeune femme ne disait rien, le regard fixé sur son reflet, sans sourire, pétrifiée.

Autour d’eux, les gens rentraient du boulot, partaient à l’apéro, allaient au restaurant, au cinéma, et il y avait ceux qui n’allaient nul part mais qui étaient là, tout de même. Et personne ne semblait remarquer ce qu’il se passait sous leurs yeux, chacun dans leurs bulles, trop occupés à lire, (“Toi j’vais te baiser”) à écouter de la musique ou à détourner le regard, prêts à changer de métro dès que les portes s’ouvriraient. L’homme se collait de plus en plus, sa main sur la cuisse de la jeune femme, (“Toi j’vais te baiser”), je pouvais voir ses doigts ramper sur sa peau, essayer de s’infiltrer remontant toujours plus haut sous la jupe et la jeune femme ne disait toujours rien, (“Toi j’vais te baiser”), le rouge au front, aussi immobile qu’une statue de cire dont la volonté venait de fondre.

Que faire, détourner le regard, (réagis) se persuader qu’ils sont en couple, (réagis), que ce ne sont pas mes histoires, partir, prendre le métro suivant, (réagis) après tout, je ne suis pas à quelques minutes près, (oui mais la jeune femme ne semble pas bien aller du tout) je vais descendre, je ne vais pas m’en mêler, (RÉAGIS PUTAIN). C’est fou comme la peur nous paralyse dans ces moments-là, vraiment.

Mais je me suis assis à côté d’eux et tout en croisant le regard de la jeune femme, je lui ai dit : “Hey Camille ! Ça faisait un bail que je ne t’avais pas vue ! Comment ça va, ma cousine ?”. Puis me tournant vers l’homme, avec un grand sourire : “Je ne vous dérange pas, j’espère ?”. Ces quelques mots ont suffit à la jeune femme pour reprendre vie, et comprenant ce que je tentais de faire m’a suivi dans ma brève comédie familiale. L’homme a immédiatement retiré sa main, comme si les fils de sa marionnette venaient de se couper, comme s’il venait de se brûler au contact de la peau de la jeune femme. Sans un regard, il s’est levé, et il est sorti de la rame sans se retourner.

Après m’être assuré que la jeune femme allait bien également, je suis parti aussi.

Je n’ai pas écrit ce texte dans le but de me glorifier pour un acte citoyen qui devrait être quelque chose de banal. J’ai écrit ce texte pour montrer qu’avec quelques mots, on peut renverser une situation, on peut intervenir et ne pas regarder une agression se dérouler sous nos yeux sans rien faire. J’ai écrit ce texte pour donner encore un témoignage de plus sur le harcèlement de rue, dans les transports en commun, pour montrer que cette oppression sur les femmes n’est pas un mythe.

Je vous invite à découvrir le Tumblr Projet Crocodile ainsi que la page Facebook Paye ta Shnek ainsi que la campagne de “Stop Harcèlement de rue” dont est issue l’affiche illustrant l’article, et qui vous parlera de tout cela bien mieux que moi et qui m’appris cette technique de diversion.

Ah et pour parer à toute remarque bien conne, non je n’ai pas pris son numéro de téléphone, non je ne lui ai même pas demandé comment elle s’appelait. L’important était qu’elle aille bien, point. Bref, réagissez, ne laissez pas de telles situations devenir banales.

campagne contre le harcèlement

source : lexpress.fr

Si vous vous retrouvez face à une situation de ce genre, ne restez pas impassible, personne ne vous demande de vous battre ou de crier, il n'est pas nécessaire de se mettre en danger pour protéger quelqu'un d'autre. Il n'y a eu besoin que d'aller parler à la victime en se faisant passer pour l'une de ses connaissances pour changer la situation.

Et vous, avez-vous déjà aidé quelqu’un dans cette situation? Ce texte va-t-il changer votre façon de voir les choses? N'hésitez pas à commenter, liker ou partager cet article.


Vidéo bonus : une jeune femme sensibilise le harcèlement grâce à une caméra cachée

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