Cet adorable béluga a sensibilisé à la cause écologique
L’Histoire Folle – Un béluga remonte le Rhin et interromp une conférence de presse
Moby le béluga, ne partage avec le chanteur et la baleine tueuse que le point commun d’être chauve. Il a un jour, pour une mystérieuse raison, décidé de remonter le Rhin, puis a changé d’avis, puis a rechangé d’avis puis a interrompu une conférence de presse au Bundestag, avant de se casser pour retrouver ses copains ; un programme bien chargé pour le cétacé, voici son journal intime :
C'était au début du mois de mai 66, poussé par l'élan de liberté qui animait le monde, et mon envie soudaine d'approfondir mes connaissances en allemand LV2 en baignant mes ouïes dans les eaux germaniques, je décidai d'entamer un long périple vers l'Allemagne.
Le touriste en moi n'en revient pas sa bosse, les eaux de Hollande et d'Allemagne sont répugnantes, tel un campagnard à Tokyo je ressens vite un certain essoufflement et quelques irritations pulmonaires, il est clair que ces eaux troubles sont la poubelle des usines du coin. Le 16 mai j'atteins Rotterdam.
Le 15 je me fais repérer par une patrouille portuaire qui, éberluée ou jalouse de me découvrir ainsi vivre ma vie, donne le mot à ses compatriotes : je dois quitter leurs eaux.
Le 16 alors que je passe enfin la frontière allemande et que je me promène à Duisburg, on m'agresse. Je reçois tant de fléchettes tranquillisantes que je crois mourir, un peu désorienté face au manque de politesse de mes hôtes et carrément vexé du traitement que je reçois, je rebrousse chemin, tout groggy...
Je sillonne donc le fond vaseux du Rhin, en faisant profil bas, espérant ne plus être repéré ; mais une fois à l'embouchure du fleuve je me retrouve gentiment "escorté" par quelques gros bras qui semblent plutôt pressés de me montrer la sortie.
Je me ressaisis. Il était hors que question que j'ai fait tout ce voyage pour rien. Demi-tour toute, sous les cris des patrouilles et les hurlements des hommes, je fonce à contre courant dans les eaux du Rhin, quand je remonte à la surface de temps en temps j'aperçois de nombreux humains amassés contre les berges, semblant espérer me voir, étais-je un héros ?
On scande mon surnom "Moby ! Moby !", d’ailleurs, sympa la référence littéraire de la baleine tueuse assoiffée de sang. Rien ne saurait m'arrêter, pas même le pain ou les oranges qu'on me jette (tu m'étonnes que leurs eaux soient immondes s'ils tentent de transformer le Rhin en brunch flottant !), j'irai à Bonn.
Mon arrivée à Bonn se fait en grandes pompes, des dizaines de journalistes et de personnalités m'attendent (ou alors il s'agit d'un étrange coïncidence...) et malgré leur terrible manie de jeter des agrumes et du pain dans l'eau, je reçois un excellent accueil, je suis filmé, photographie, aimé, on crie mon nom en cœur.
Si ça ne tenait qu'à eux, la petite sauterie aurait duré des jours, mais je ressens le mal du pays et j'ai véritablement envie de retrouver ma famille et mes amies, ce périple était épuisant, et j'ai vécu autant de frayeurs que de moments d’émerveillement.
J'entame donc un trajet retour sans escale, poussé par le courant du Rhin, je suis fatigué et je me sens sale et poisseux, déçu mais heureux, les humains sont des êtres répugnants qui ne savent pas prendre soin de ce qu'on leur offre, j'espère que les choses changeront bientôt et que je me remettrai vite de ce voyage dans les eux troubles du Rhin.
A mardi pour une nouvelle Histoire folle ! En attendant vous pouvez liker, partager ou commenter l'article !