De récentes expériences ont rouvert le débat sur l'éthique dans la science. Dans le passé, de véritables horreurs ont eu lieu au nom de la science et on n'aimerait pas revoir ça de nos jours, et pourtant...
En Chine, il y a quelques semaines, un groupe de chercheurs chinois a réussi à créer le premier embryon humain génétiquement modifié ! Au même moment, un neurochirurgien italien espère réussir la toute première greffe de tête...
Une question se pose donc : au nom de la science peut-on tout accepter ? L'Histoire nous apprend que la science a déjà commis des actes atroces et on n'a pas envie de voir cela recommencer. Voici ces expériences horribles qui ont mal tourné et qui permettent de voir les choses avec plus de recul.
1. L'expérience de Milgram
Au début des années 60, on demande à Stanley Milgram de comprendre pourquoi le peuple allemand a obéi au nazisme. Il fait mène donc une expérience sur l'autorité et sur les limites que l'être humain lambda pose lorsqu'on lui donne des ordres.
L'expérience nécessite trois participants. Un "chercheur" (complice de l'expérience), un "participant" (la victime) et un "élève" (lui aussi complice de l'expérience). Le chercheur explique au participant qu'il doit poser des questions à l'élève. A chaque fois que celui-ci se trompe, le participant doit appuyer sur un bouton et lui envoyer des décharges électriques (sans savoir que l'élève est complice et qu'elles sont fictives).
A chaque nouvelle erreur, le voltage augmente, passant de 15 volts à 450 volts (sachant que l'être humain ne peut pas supporter plus de 300 volts). Dans l'expérience initiale, 65% des participants ont accepté d'appuyer sur le bouton et d'administrer une décharge de 450 volts à l'élève, alors que c'est mortel... Uniquement parce que le chercheur leur avait demandé.
2. "Les puits de désespoir"
L'expérience de Harlow sur la privation maternelle tentait de comprendre si les situations d'abandon sur les nourrissons pouvaient provoquer des retards de développement.
Ce que Harry Harlow surnommait les puits de désespoir étaient ces chambres d'isolation dans lesquelles il mettait en isolement total des bébés macaques qu'il avait séparés de leur mère à 3, 6, 12 ou 24 mois. Complètement seuls, ces petits singes sombraient dans des états de dépression totale.
Quand il a remis les macaques en collectivité, il a observé que leur attitude était à la limite de l'autisme. Aucune envie de jouer, aucune envie sexuelle... Le père Harlow n'était pas un tendre ! Et cette expérience n'avait rien de moral !
3. L'étude de Tuskegee (1932-1972)
Cette étude clinique sur la syphilis a été réalisée en Alabama (aux États-Unis) à partir des années 30 pour comprendre l'évolution de cette maladie... lorsqu'elle n'est pas traitée ! Les victimes furent des métayers Afro-américains pauvres à qui on refusait l'accès au traitement contre la syphilis (la pénicilline) qui existait pourtant dès 1943.
Les malades inscrits pour cette étude n'ont pas donné leur "consentement éclairé" pour cette étude, un droit qui n'existait pas alors dans le droit américain.
Ce scandale dura jusqu'à ce que le médecin Peter Buxtun fit éclater l'affaire au grand jour. Un scandale qui fut qualifié de "crime raciste" par Bill Clinton des années plus tard.
4. Les essais de médicaments sur les singes
En 1969, un groupe de scientifiques nord-américains (dont l'identité est encore anonyme à ce jour) a mené une étude sur les effets de l'addiction à diverses substances stupéfiantes comme la morphine, la codéine, la cocaïne ou les amphétamines.
Les singes étaient enfermés dans des cages avec de la drogue à disposition et à volonté, et c'était à eux de gérer leur consommation, dès que leur corps réclamait une substance. En quelques jours, tous les singes ont perdu le contrôle : certains se sont cassés les bras tellement ils ont essayé de sortir de leur cage. D'autres se sont fracturés les doigts après avoir absorbé de la cocaïne. D'autres encore se suicidèrent en absorbant conjointement de la cocaïne et de la morphine.
Tout ça pour comprendre les effets de la drogue. Mais n'aurait-il pas été mieux d'essayer de soigner les addictions plutôt que de les provoquer ?
5. Britches, le singe aveugle de l'Université de Riverside
Britches est le nom d'un macaque ours né dans l'un des laboratoires de l'Université de Californie à Riverside en 1985.
Dans le cadre d'une expérience menée par le psychologue David H. Warren, il a été retiré à sa mère à la naissance. Pire, ses paupières ont été cousues et un sonar a été installé sur sa tête afin que les chercheurs fassent des expériences sur la privation sensorielle. En tout, l'expérience a duré trois ans et a concerné 24 macaques...
On espère que les chercheurs ont pu étudier dans tous les sens le développement neurologique et comportemental de ces pauvres singes dépourvus de leurs sens les plus élémentaires. Mais ils n'auront pas d'excuses face à la cruauté de leurs actes !
6. L'expérience de Stanford
L'expérience de Stanford (aussi appelée "effet Lucifer") s'est déroulée dans le cadre d'une étude afin de comprendre les effets de la situation carcérale. Elle a été menée en 1971 par le psychologue social Philip Zimbardo. Pour mener à bien son étude, il a demandé à 18 étudiants masculins sains et équilibrés d'accepter d'être enfermé durant deux semaines. La moitié incarnait des prisonniers, l'autre moitié jouait les gardes, le choix ayant été fait au hasard.
Les participants ont rapidement adopté des comportements dépassant la simple fonction de leurs rôles. Certains étudiants-gardes sont devenus violents (1/3 a même fait preuve de comportements sadiques), et beaucoup d'étudiants-prisonniers ont été traumatisés émotionnellement. Deux ont même quitté l'étude avant la fin.
L'expérience a finalement été arrêtée grâce à Christina Maslach, seule à s'opposer à la poursuite de la recherche. Aujourd'hui, on compare l'expérience de Stanford à celle de Milgram dans son sadisme mais aussi pour ce qu'elle nous enseigne sur la nature humaine...
7. L'unité 731
Cette unité a été créée en 1925 au Japon par un mandat impérial. Officiellement, elle avait pour but de "prévenir les épidémie d'eau et de purifier l'eau". Mais en réalité, elle s'est adonnée à des pratiques perverses et dégradantes.
Les expérimentations bactériologiques de l'unité 731 ont majoritairement été pratiquées au Mandchoukouo (la Mandchourie, dans le nord de la Chine). C'étaient de vraies expérimentations sur des cobayes humains, comme des vivisections sans anesthésie, ou des recherches sur la peste, le typhus, le choléra, en vue d'en faire des armes bactériologiques... En tout, entre 300 000 et 480 000 personnes sont mortes à cause de l'unité 731.
Le Japon n'a reconnu ce crime contre l'humanité qu'en 2002.
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