L’Islam n’est pas une religion de guerre mais une religion d’amour et de paix
10 idées reçues totalement fausses sur la religion musulmane et le Coran
Le terrorisme n'a rien à voir avec une religion où une autre. C'est un guerre, une volonté de faire peur et de détruire. Récemment, de nombreux actes terroristes ont été revendiqués par l'Etat Islamique, une organisation militaire et politique qui utilise la religion pour convaincre certaines personnes du caractère véridique de leur lutte.
Les membres de l'EI sont souvent d'idéologie salafiste djihadiste. Ce n'est pas une raison pour faire des amalgames et dire que l'Islam est une religion de terroristes.
Voici 12 idées reçues sur la religion musulmane que l'on va essayer de démystifier.
1. Le Coran prône la Guerre Sainte, le Djihad
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A aucun endroit dans le Coran il est question de guerre sainte (vocabulaire de la Bible). En revanche, le terme Djihad apparait en effet. Il signifie "l'effort", "oeuvrer pour le bien".
"Quant à ceux qui fournissement un effort (djihad) de réflexion pour Nous et en Nous, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Dieu est en vérité avec les bienfaisants..." (Coran 29 : 29)
La lutte armée est également mentionnée dans le Coran (sous le nom de Quittal), mais elle est essentiellement défensive. Il faut remettre dans le contexte historique le Coran, apparu à une époque où les guerres entre religions étaient monnaie courante. L'idée c'est : il faut combattre ceux qui combattent, et aller vers la paix s'ils inclinent à la paix également (Coran 22 : 39-40, Coran 8 :61-62).
Ceux qui cherchent la confusion et la division ont faussé les interprétations sur le Djihad en sélectionnant certaines portions du texte sacré sans les remettre dans leur contexte.
2. L'Islam est intrinsèquement violent
Les détracteurs de la religion musulmane adorent relever des extraits du Coran pour prouver que c'est un texte "barbare", "violent", rempli d'appels au meurtre contre les non-musulmans.
En réfléchissant ainsi, ils réfléchissent comme les extrémistes musulmans, qui font une lecture sélective d'un ouvrage riche, aux interprétations variées, sans remettre les citations dans leur contexte historique. A ce compte-là, tous les Livres saints sans exception sont violents et barbares de la même façon.
Et rappelons aussi que les premières victimes du terrorisme de l'EI sont des Musulmans, qui sont tués en nombre en Syrie, en Tunisie et ailleurs depuis plusieurs années.
3. Les Musulmans ont toujours été en guerre contre l'Occident
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Oui, il y a eu des conquêtes arabes en Europe aux VIIIe et XIVe siècles. Inversement, il y a eu la colonisation de pays à majorité musulmane de la part des pays européens aux 19e et 20e siècles. Mais de manière générale dans l'Histoire, Catholiques, Juifs et Musulmans ont aussi su cohabiter dans la paix pendant des siècles, sans aucune difficulté.
D'ailleurs, pour les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs sont comme eux, "des Gens du Livre", c'est-à-dire des croyants, et il doivent les respecter comme tels.
Preuve également que l'Islam est tout à fait compatible avec toutes les formes de société, la République, la Démocratie, etc.
4. Tous les Arabes sont musulmans
Il n'y a que 20% d'Arabes chez les Musulmans. Il y a des Musulmans partout dans le monde, de toutes les origines et de toutes les cultures. Il y en a au Maghreb, au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique noire, en Europe, en Océanie et en Amérique. Partout donc. Inversement, il y a aussi des non-musulmans dans les pays dits musulmans, comme la Syrie, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, l'Indonésie... Dans ces pays, il a des Juifs, des Chrétiens, des athées...
Ce genre de discours imprécis facilite les discours racistes qui font le lien entre immigration et religion, religion et délinquance, délinquance et terrorisme... Les choses sont bien plus compliquées que cela.
5. Les Musulmans sont une même communauté soudée
De nombreux politiciens tombent dans le piège du "Nous" et "Eux" et confondent une pratique religieuse avec l'identité des personnes. Pourtant, elles sont toutes très différentes. Deux personnes de confession musulmanes peuvent ne rien avoir d'autre en commun : ni la couleur de peau, ni la culture, ni la langue.
Enfin chez les Musulmans, il y a différents niveaux de pratique : certains s'y connaissent bien et s'y intéressent, d'autres pratiquent leur religion uniquement par habitude culturelle, d'autres encore se posent des questions et doutent, certains adaptent leur religion avec leur réalité sociale, etc. Sans oublier que de nombreuses personnes d'autres confessions et d'origines diverses peuvent elles aussi se convertir à l'Islam.
C'est pourquoi c'est une erreur et un danger de demander à tous Musulmans de se désolidariser de tel ou tel acte : déjà, ils n'ont rien à voir avec l'acte en question. Mais en plus, leur religion ne fait pas d'eux qui ils sont.
6. L'Islam permet la polygamie
Abraham, Jacob, Saul, David, Salomon... Presque tous les prohètes des trois grandes religions monothéistes (Judaïsme, Catholicisme, Islam) avaient plusieurs femmes, tout simplement parce que c'était une coutume acceptée à l'époque, historiquement parlant.
Le Coran ne marque pas de rupture avec les textes sacrés qui l'ont précédé (la Torah et la Bible), tout simplement parce qu'il est la révélation en langue arabe des religions juives et catholiques. En revanche, le Coran est le premier Livre sacré à décourager les hommes d'avoir plusieurs femmes, dans un souci d'équité entre elles. (Coran 4 : 3)
7. L'Islam impose le port du voile
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La grande polémique en France.
Il faut savoir que le port du voile était quelque chose de culturel à l'époque de l'apparition du Coran (7e siècle), en Europe comme dans le Maghreb et les pays arabes. Il en est fait mention dans la Genèse, mais aussi dans des textes assyriens et corinthiens.
Dans le Coran, le mot "hijab" (qui peut se traduire par voile, coiffe, drap, séparation...) apparait 9 fois et à aucun moment, il ne fait référence explicitement au voile tel qu'on l'entend aujourd'hui et qui fait tant polémique. Une autre fois, c'est le mot "khimar" qui est utilisé et il est lui aussi traduit par voile. Dans cet extrait-ci, il est demandé aux femmes de couvrir leur poitrine, et non leur tête. Ce sont surtout les traductions erronées qui ont fait dériver le texte.
Les traductions erronées s'expliquent en partie par une volonté traditionnelle de suivre les traditions juives et chrétiennes dans lesquelles les femmes se voilaient la tête pour certains événements en guise de respect.
8. Les femmes sont inférieures aux hommes dans l'Islam
Encore une fois, il faut replacer le texte dans son contexte historique, et balayer les problèmes liés aux traductions et aux interprétations. Le verset (Coran 4 : 34) qui a justifié les pratiques les plus extrêmes avait été traduit ainsi :
"Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les."
Mais une autre traduction, plus sensible aux différentes traductions sémantiques possibles, serait celle-ci :
"Les hommes ont la charge des femmes, en vertu des faveurs qu’Allah a accordés aux uns par rapport aux autres, et à cause des biens qu'ils dépensent [pour elles]. Ainsi, les femmes vertueuses sont obéissantes et préservent dans le secret ce que Dieu veut préserver. Celles dont vous craignez la mauvaise conduite, admonestez-les, faites lits à part si non séparez-vous d'elles."
En effet, le terme "Dharaba" n'est pas univoque et ne se traduit pas uniquement par "frapper" (version 1), dans le Coran lui-même. Dans d'autres passages, il est traduit par "voyager", "donner", "sortir", "assourdir", "séparer"... D'où les confusions dans la traduction.
Dans l'Islam, les femmes ne sont pas vues comme inférieures : plus précisément, les attributions et les responsabilités données aux hommes et aux femmes sont différentes. Et encore une fois, il faut remettre le texte dans son époque : il a plus de 1400 ans !
9. Un salafiste est obligatoirement un terroriste
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Le salafisme est un courant de l'Islam qui prône un retour à la pratique religieuse des origines. Il prône aussi des pratiques comme le port du voile (et autres vêtements spécifiques), de la barbe et milite pour une discipline très rigoureuse, c'est vrai.
Mais le raccourci imputant au salafisme la responsabilité du terrorisme de l'Etat Islamique est un raccourci totalement erroné. Comme dit en introduction, l'EI et ses membres sont souvent décrits comme des "salafistes djihadistes". En plus d'être des "extrémistes" de l'interprétation du Coran, ils interprètent le Djihad comme une guerre réelle, et non comme une lutte en soi-même pour progresser et devenir un homme meilleur.
Les spécialistes du mouvement terroristes de Daesh (ou Etat Islamique) s'accordent presque tous à dire que ceux qui partent faire la guerre en Syrie sont soit des enfants de la deuxième génération d’immigrés, soit des convertis « de souche » appartenant à la même tranche d’âge et qui, en général, n'ont pas baigné dans un environnement particulièrement religieux.
"Aucun n'a fait de sérieuses études religieuses. Aucun ne s'intéresse à la théologie, ni même à la nature du djihad ou à celle de l'Etat islamique", note le spécialiste Olivier Roy, chercheur au CNRS.
10. L'Islam est une religion intolérante
Oui, c'est vrai, mais pas comme on a tendance à le penser.
L'Islam (comme la plupart des grandes religions monothéistes) condamne les abus, les meurtres, les viols, les drogues, l'alcool, le vol, la fraude, l'extorsion, l'exploitation, les génocides, la souffrance, la pauvreté, le racisme, la discrimination, la corruption, l'injustice...
Comme toutes les religions, elle pousse les hommes à faire du mieux qu'ils peuvent et à progresser. Ni plus, ni moins.
Notez que cet article ne vise pas à "chercher des excuses" au terrorisme ou à tolérer tel ou tel acte. Il s'avère simplement nécessaire de ne pas tomber dans la facilité et condamner les gens par groupes ou communautés au nom de quelques malades dont la seule caractéristique mise en avant est un choix soi-disant "religieux".
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Vidéo bonus : Le message poignant d'un musulman français à ses semblables