Le syndrome du scarabée explique un comportement récurrent dans le monde du travail.
Etes-vous atteint sans le savoir du syndrome du scarabée ?
Le monde de l’entreprise, les dirigeants et les managers auraient tendance, de manière inconsciente, à favoriser la promotion de ceux qui ont des points en communs avec eux. Ainsi, le succès en entreprise ne serait pas forcément une question de mérite, mais plutôt d'appartenance au bon groupe social. Le “syndrome du scarabée” favorise cette tendance. Nous allons tâcher de définir et de comprendre ce syndrome et ses incidences sur le monde de l'entreprise.
Qu’est-ce que le syndrome du scarabée ?
Dans les années 1950, une équipe de chercheurs en entomologie de l’Université de Chicago a mené une étude sur les scarabées. Le groupe de chercheurs, chapeauté par le célèbre Thomas Park, tente de comprendre comment se développent différentes espèces de scarabées qui partagent le même milieu naturel.
Après observation, il semblerait que deux espèces de scarabées vivant au même endroit ne peuvent cohabiter éternellement. L’une ou l’autre des deux finit forcément par disparaître. Les scarabées les plus gourmands mangent les œufs de l’espèce rivale. Ils favorisent ainsi les scarabées de leur propre espèce.
Au début des années 2000, le prix Nobel d’économie George Akerlof reprend cette étude afin de comprendre les relations humaines, notamment dans le milieu scientifique. Sa conclusion est la suivante : les scientifiques de renom tendent à favoriser les jeunes scientifiques qui leur ressemblent le plus, au détriment des autres, même plus compétents. Ils excluent tous les autres jeunes scientifiques qui ne partagent pas leurs idées. Cette façon de procéder favorise la sélection et la promotion d'individus partageant un certain nombre de caractéristiques. Leur conclusion est claire: si l’on veut gravir les échelons sociaux au sein d’une structure donnée, on doit appartenir au même groupe social que les décideurs.
Les limites du syndrome du scarabée dans le monde de l’entreprise
La théorie ainsi développée fait voler en éclats les croyances selon lesquelles l’ascension sociale se fait uniquement en fonction du mérite et des compétences. Ce serait plutôt votre adhérence ou non au système de valeurs du groupe dominant qui détermineraient votre succès à venir.
📣Syndrome du scarabée : les #managers favorisent ceux qui leur ressemblent
↘️discriminer les femmes, les seniors et les profils issus de la diversité
↘️impact négatif sur la créativité, l’émergence d’idées neuves ⤵️https://t.co/uNUdsqFV2W pic.twitter.com/87PywujGGu— Eric Huguet 🇪🇺🇺🇦 (@ERICHUGUET4) May 21, 2022
Concrètement, en entreprise, cette théorie explique que les managers favorisent le recrutement et la promotion d’individus qui leur ressemblent. Sachant que les managers sont généralement des hommes quadragénaires de classe moyenne, ils ont tendance à recruter plus souvent des hommes et à ne pas donner leur chance aux individus issus de classes sociales inférieures. Or il est avéré que la diversité au sein de l’entreprise est un facteur de performance et de développement. Le syndrome du scarabée aurait donc des conséquences néfastes sur l’entreprise et la mènerait à se replier sur elle-même. Elle peut alors se retrouver dépassée par une concurrence qui ne donnerait pas leurs chances aux jeunes et aux femmes.
Comment contourner le syndrome du scarabée?
Afin de limiter ses effets et de ne pas promouvoir l’entre-soi, Akerlof suggère aux entreprises de diversifier au maximum les profils sociaux lors du recrutement. Pour ce faire, les recruteurs eux-mêmes doivent mieux représenter la population générale, notamment en termes d’origines sociales et de sexe.
Confier le recrutement à un duo composé d’une femme et d’un homme serait, par exemple, le garant d’un recrutement plus diversifié. Les effets d’une équipe de collaborateurs diversifiée sont souvent synonymes de performance, d’innovation et du bon fonctionnement de l’entreprise. Ils exhortent ainsi les managers à quitter leur zone de confort en évitant de favoriser systématiquement les collaborateurs qui leur ressemblent le plus.