A ceux qui en doutaient, le Pitchfork Music Festival a réaffirmé que le rock n'est toujours pas mort, et qu'il se porte même à merveille. Le public, très international, ne s’y est pas trompé et s’est déplacé en nombre pour voir des concerts, boire des coups, et sortir son petit bonnet-gland-qui-ne-couvre-pas-les-oreilles.
source : pitchfork
Dans une programmation éclectique où le dénominateur commun était le cool, le rock tenait une bonne place et rivalisait pleinement avec les genres dominants actuels - hip hop et électro. Il peut être d’ailleurs malvenu de parler de rivalité, tant la programmation reposait sur un effacement des clivages entre styles musicaux.
Dès le premier soir, les grosses guitares ont retourné la Grande Halle de la Villette, avec un set furieux des Voidz, menés par un Julian Casablancas suffisamment en forme pour qu’on lui pardonne cet improbable look tecktonik. Un concert puissant et un peu dingo, à l’image de l’album sorti au printemps dernier. Plus tôt, Etienne Daho avait livré un excellent concert, à son image : sobre, élégant, pop. Mais aussi ce soir et comme sur sa dernière tournée, très rock. Une heure durant, il aura comblé les fans, avec une setlist retraçant plus de 30 ans de carrière, mais aussi les néophytes, surpris de voir l’idole de leurs parents s’installer aussi naturellement au cœur d’une programmation internationale si pointue.
source : pitchfork
Cette première soirée très réussie sera conclue en beauté par un Mac Demarco en pleine forme, devant un public acquis à sa cause. Si son répertoire est des plus chill, l’énergie du concert aura été au sommet du début du set à une fin marquée par une triple reprise des Misfits : c’est décidément le rock qui aura laissé son empreinte sur cette première journée de festival.
S’il ne faut retenir qu’un nom de la deuxième journée, voire même du weekend, c’est bien Car Seat Headrest. Les américains, menés par l’énigmatique Will Toledo et son sarouel, ont livré une copie parfaite en interprétant leurs titres les plus incisifs au cours d’un concert qu’on aurait aimé voir durer 30 bonnes minutes supplémentaires. C’est simple, depuis leurs premières scènes parisiennes, le groupe est métamorphosé. Libéré de sa guitare avec l’arrivée des trois membres additionnels de Naked Giants, Toledo s’affirme comme un vrai leader scénique, sa voix se porte mieux que jamais, et ses chansons prennent une nouvelle dimension. Un concert tour à tour furieux, émouvant, dansant, exaltant. C’est la vraie révélation de ce festival, qui éclipserait presque les autres belles performances de la journée, à commencer par le trop rare Blood Orange, qui a proposé un concert virtuose particulièrement enlevé.
source : pitchfork
Le samedi paraissait plus rempli que les deux jours précédents, et pour cause : la tête d’affiche de la soirée était assurée par Bon Iver. Un concert touchant, unanimement salué par les fans venus en masse devant la grande scène. En début de soirée, la révélation indie rock Snail Mail a su déjouer un son assez calamiteux pour présenter les jolies chansons de son premier album acclamé par la critique. La grosse réussite du jour revient à Stephen Malkmus et son groupe The Jicks, qui ont presque réussi à nous faire oublier Pavement le temps d’un concert. Les compos du groupe sont sublimées par le génie de la légende des 90s, et nous font mesurer la chance que nous avons d’avoir sous nos yeux le papa du rock indé actuel (coucou Car Seat Headrest).
La soirée se terminera, samedi soir oblige, par les sons electro de DJ Koze et Peggy Gou.
Malgré quelques rares déceptions, voire même des erreurs de casting – Chromeo, incompréhensible duo electro-funk qu’on aurait mieux vus à la fête de la musique – cette huitième édition du Pitchfork Festival aura été une vraie réussite. Quand les festivals d’été peinent trop souvent à intégrer du rock de manière cohérente, le Pitchfork Music Festival est parvenu encore une fois à l’ancrer dans une programmation harmonieuse et résolument moderne. A noter cette année encore une organisation quasi-irréprochable en termes de gestion des flux de personnes, de quantité de bars et de services de restauration. Le Pitchfork festival est donc probablement le remède ultime aux weekends maussades de l’automne.
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