Un incroyable secret de notre cerveau enfin mis à jour !
Pourquoi oublie-t-on ce qu’on comptait faire en entrant dans une pièce ?
Connaissez-vous ce phénomène de réminiscence, quand, après avoir passé des années à manger du flan chez mamie, remanger du flan même vingt ans après vous rappelle combien vous l'aimiez ?
Et bien, c'est parce que notre cerveau articule la mémoire selon deux plans : le plan de votre état interne, ce qui s'appelle la State-dependant memory, et le plan du contexte dans lequel vous avez évolué, qui s'appelle la Context-dependant memory.
Le premier cas, c'est quand, pour prendre un exemple simple, vous êtes incapables de vous souvenir de ce que vous avez fait vendredi à la fête chez Julien. L'alcool ingéré a changé l'état interne de votre corps, et votre cerveau a créé les souvenirs selon cet état. Quand vous vous réveillez, sans l'alcool et le vomi, vous êtes incapable de retracer le chemin que vous avez fait à partir d'une certaine heure. C'est pour cela que, si vous remettez le couvert samedi, vous vous souviendrez de nouveau de ce que vous avez fait vendredi, puisque vous serez dans le même état de désolation hépatique.
Pour ce qui est de la mémoire qui dépend de l'environnement dans lequel vous évoluez, c'est quand, par exemple, vous êtes incapables de vous souvenir de vos cours, une fois dans la salle d'examen. Que la meilleure façon de rappeler ces souvenirs à vous et de réussir votre vie, c'est de vous mettre à écrire. Quand vous avez écrit le cours, vous écriviez, non ? Vous remettre à écrire ravive le souvenir dans votre cerveau. De la même façon, mâcher un certain type de chewing-Gum pendant que vous réécrivez vos cours à la maison vous aidera à vous souvenir, une fois dans la salle d'examen, de ce que vous écriviez à la maison, si vous mâchez le même genre de chewing-Gum. Ces souvenirs ont été créés dans un contexte précis, et se remettre dans cet environnement précis aidera votre cerveau à s'en souvenir.
Dans le cas du flan de mamie, le souvenir a été créé sur les deux plans : un état mental et physique de bonheur, lié à un environnement précis, celui de l'odeur et du mobilier de chez mamie, mélangé au goût du flan. Ainsi, quand vous mangez du flan, vous vous souvenez de mamie et des sentiments qui lui sont associés.
Et, si notre cerveau de trois kilos se souvient si bien des choses les plus utiles, comme par exemple respirer et faire battre notre cœur, il est incapable de nous épargner cette frustration de rentrer dans une pièce sans être capable de se souvenir de ce qu'on voulait y faire. C'est à cause de la façon même qu'il a de créer des souvenirs.
En entrant dans une pièce, tout votre environnement change, et votre cerveau, puisqu'il a lié les décisions prises à la pièce dans laquelle vous vous trouviez auparavant, appuie sur le bouton "reset".
Une étude menée par le Dr Radvansky, publiée dans le The Quarterly Journal of Experimental Psychology, consistait à tester la mémoire des gens selon la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Une cinquantaine d'étudiants avaient la tâche de prendre un objet, et de le déplacer d'une table à une autre. Dans un cas, l'autre table se trouvait dans la même pièce, et dans l'autre cas, l'autre table se trouvait dans une pièce différente. Dans une grande majorité des cas, les participants qui avaient la tâche de déplacer leur cube vers une autre pièce oubliaient ce qu'ils devaient faire en passant le seuil de la deuxième pièce.
Il a ainsi prouvé que le simple fait de passer un seuil fonctionnait comme un "reset" pour le cerveau.
" Les seuils, c'est le mal. Évitez-les à tout prix." Radvansky, après 20 ans d'études sur le fonctionnement de la mémoire. (Oui, cette citation est vraie.)
Quelle serait l'utilité de ce reset ? Pour quelle raison valable subissons-nous cette frustration ?
Eh bien, une explication possible serait de dire que cette façon de créer la mémoire sert un réflexe vital. En entrant dans une autre pièce, vous changez d'environnement. Ainsi, votre cerveau préférera observer si un danger se présente, plutôt que se souvenir. Cela peut être pratique si vous vivez dans une peur constante qu'un lynx vous saute dessus quand vous sortez de votre grotte. Quand vous allez chercher du lait dans la cuisine ? Beaucoup moins.
Comment empêcher que cela nous arrive ?
S'il n'y a aucune méthode scientifiquement reconnue, le simple fait de se répéter l'action qu'on veut faire à haute voix en traversant le seuil d'une porte suffirait à se souvenir de nos déplacements.