Mamie Matraque : "Trouver un job en 2016, c'est mission impossible !"

Je ne suis pas née de la dernière pluie, ça non ! J'ai certainement plus d'années au compteur que la plus vieille des vieilles Twingo... Et à mon époque, quand on cherchait du travail, il suffisait d'en vouloir un peu et ça se trouvait, même sans avoir de certificat d'études ni de bac ni rien de tout ça.

 

On montait à la ville et on faisait couturière ou secrétaire ou marchande, ou bien on restait dans son village et on travaillait aux champs ou à l'usine. Et quand mon petit-fils m'a raconté qu'il avait un mal de chien à se trouver un petit boulot alors qu'il a fait de grandes études, je ne le croyais pas. Mais il m'a raconté, et j'ai vu aussi comment ça se passait au Pôle Emploi à la télé. Et dans le film là, Merci Patron !

 

C'est la catastrophe mes enfants, les grands patrons délocalisent leurs usines à l'étranger, on remplace les caissières par des caisses automatiques, on pousse les agriculteurs à travailler sur des exploitations toujours plus grandes, et pendant ce temps, nos jeunes (et nos moins jeunes) sont sur le carreau.

 

Pourtant, la France continue de s'enrichir, mais tout l'argent part dans les poches de quelques-uns, et des actionnaires.

 

Alors pour trouver du travail en 2016, il faut s'accrocher, car en réalité, c'est mission impossible. J'ai voulu dédramatiser la chose en mettant bout à bout toutes les conditions à remplir pour trouver enfin une place dans une maison : ben c'est pas demain la veille que le candidat idéal va débarquer, moi je vous le dis, foi de Mamie Matraque !

 

Mes conseils pour trouver un employeur

 

- Ne faites pas les études qui vous plaisent, faites des études pour avoir un travail.
- Si vous vivez dans une région d'industrie, faites les études pour.
- Si vous vivez dans une région de chômage, bah... tant pis pour vous.

 

- Lors de l'entretien d'embauche, si vous en décrochez un, parlez bien, mais pas trop, parlez vite, mais pas trop. Et ne parlez pas trop tout court.
- Écoutez le patron avec une oreille attentive, en hochant la tête avec amour, et intercalez des petits 'oui' à chaque fois qu'il termine une phrase.
- N'ayez pas peur de baragouiner de l'anglais, même dans un secteur a priori pas touché par la mondialisation, comme chez un marchand de fleurs ou dans un domaine viticole.

 

- Dites que vous voulez être payé comme un bachelier même si vous avez fait 8 ans d'études.
- Dites que vous avez 3 ans d'expérience mais que pareil, vous voulez être payé comme un bachelier.

 

 

- Si vous êtes une femme, dites que vous êtes contente de toucher 13 ou 15% de moins qu'un homme. Et dites surtout que vous ne comptez pas avoir d'enfant avant 10 ans... voire jamais.
Si vous êtes un homme, dites que vous seriez content de toucher 13 ou 15% de moins, pour l'égalité homme-femme.

 

- Si vous êtes grand, beau, blanc, souriez et priez, vous avez toutes les chances de votre côté mais que ça ne suffit pas, la concurrence est rude malgré tout.
- Si vous êtes petit, pas super beau et pas vraiment blanc, la prière risque de ne pas suffire. Désolée.

 

- Dites que vous êtes pour le travail le dimanche, pour le travail en soirée, pour le travail pendant 35h d'affilée, pour les stages non-rémunérés, pour les patrons... Et que pour vous, le Code du Travail est un livre horrible écrit pour détruire l'emploi en France.
- Dites que pour vous, les syndicats sortent tout droit des enfers et que vraiment, la France n'est qu'un gros pays de communistes.

 

 

Bref, dites que vous vivez pour le travail, que votre vie se résume à votre costume ou à votre tailleur et aux soirées d'entreprise, que vous n'avez pas de passions en dehors de votre travail et que vous ne sentirez pas la chaine ni le boulet à votre pied.

 

Alors, vous aurez une petite chance et on vous dira : "On vous rappellera".

 

Je vous plains vraiment, du haut de mon grand âge et avec ma petite retraite. Et je vous plaint encore plus quand je vois ceux des générations précédentes (qui ont entre 40 et 60 ans) qui trouvent ça normal qu'il y ait autant de chômeurs et de gens sous-payés, et qui disent : "Moi aussi j'en ai fait des stages, moi aussi j'ai galéré, il faut se battre".

 

On n'améliore pas le monde avec ce genre de mentalité, bon sang de bois. Quel égoïsme, quelle époque, mes enfants. Courage !

 

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