Une enquête va être ouverte pour déterminer l’identité de ce CRS.
Paris : une vidéo montre un CRS en train de gazer les affaires d’un sans-abri
L’association d’aide aux exilés Utopia 56 a publié une vidéo dans laquelle on voit un CRS asperger de gaz les affaires d'un sans-abri. Un second policier se tient non loin de lui, impassible.
Publiée il y a quelques jours, la vidéo a déjà été visionnée plus d'un million de fois et a suscité l'indignation de l'opinion publique.
Un signalement effectué par une activiste d'Utopia 56
L'IGPN (Inspection générale de la police nationale) a reçu un signalement lundi suite à une vidéo diffusée très largement sur les réseaux sociaux. L'on y voit un CRS asperger au gaz lacrymogène les effets personnels d'un sans-abri. La scène se déroule la nuit, par un froid glacial, dans le quartier de Stalingrad, à Paris. L'AFP a ensuite relayé cette information. Il est à noter que le sans-abri en question n'était pas présent au moment des faits.
La vidéo a notamment été visionnée plus d'un million de fois sur Twitter. On peut y voir un policier asperger de gaz un matelas se trouvant à même le sol dans un campement de fortune. L'auteure de la vidéo et du signalement est une activiste qui se fait appeler Ema. « J’ai pu filmer des pratiques qui existent, mais qui ont toujours lieu quand on a le dos tourné », a-t-elle expliqué.
Un signalement a été effectué lundi auprès de l'IGPN après la diffusion d’une vidéo montrant un policier asperger au gaz lacrymogène les effets personnels de migrants sans-abri à Paris
➡️ https://t.co/42KVa5Es5M pic.twitter.com/EmQNb47LeN— Le Parisien (@le_Parisien) March 13, 2023
« On dénonce une violence systémique à l’encontre de ces personnes », a expliqué l'association Utopia 56. La police nationale a indiqué à l’AFP que les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) ont ouvert une enquête administrative sur ces faits. Elle n'a toutefois pas précisé la date d’ouverture de l’enquête en question.
Des violences récurrentes ?
La militante auteure de la vidéo affirme que cela fait déjà « trois mois » qu'elle effectuait des « observations du harcèlement policier quotidien ». Elle aurait été témoin de violences policières répétées, sans cependant parvenir à les filmer. Le 9 mars, elle parvenait enfin à immortaliser ces faits par le biais d'une vidéo. Ce jour-là, elle aurait aperçu trois vans de CRS et une voiture de police nationale à proximité du campement. « C'est clairement une opération », a-t-elle pensé « J’attends que ces faits soient sanctionnés et que cela serve d’exemple », insiste-t-elle.
Nikolaï Posner est un responsable d’Utopia 56 qui a accompagné la démarche d'Ema. Il estime que « le harcèlement de rue est enfin démontré ». L'association a fait parvenir la vidéo à la Défenseure des droits, Claire Hédon.
Le campement en question, situé au nord de Paris, faisait l'objet depuis plusieurs semaines d'évacuations quotidiennes. Utopia 56 observe que, depuis la diffusion de la vidéo, ce campement « n'est plus démantelé ». « Deux jours, plus tôt, on avait fait une grosse distribution de matériel d’urgence, dont des couvertures, et de quoi survivre dans la rue. Donc, on connaît bien ces personnes ». Ce sont, en tout, « 50 à 100 demandeurs d’asile afghans, soudanais et tchadiens qui dorment là tous les soirs », a expliqué Nikolaï Posner.
Ce dernier ajoute que ce type d'opération n'est pas rare. Il assure qu'il récolte, depuis plusieurs années, des témoignages de réfugiés « qui se font gazer ». Les individus en question seraient victimes de jets de gaz lacrymogène, parfois directement dans leurs tentes. Utopia 56 aurait déjà saisi trois fois l'IGPN pour des faits de nature similaire en moins de six mois.