Attouchements, frottements et insultes sont bizarrement mieux « tolérés » en discothèque
Pourquoi le harcèlement sexuel est une norme acceptée en boite de nuit ?
Par Modifié le 24/03/2016 à 15:00
Les boites de nuit sont un monde à part. Et bizarrement, dans ce monde à part, le harcèlement sexuel n'est pas considéré comme tel : est-ce à cause de la nuit, est-ce à cause de la danse, est-ce à cause du désespoir mélangé à la fête, ou encore à cause de l'alcool et des drogues ? Toujours est-il que c'est grave.
La scène se répète à chaque fin de semaine. Dans l'obscurité et l'ambiance assourdissante d'une boite de nuit, des gens se retrouvent et adoptent des comportements que l'on trouverait totalement répugnants et condamnables dans n'importe quel autre environnement.
Aussi impressionnant que cela puisse paraitre, les attouchements, les frottements et les insultes ne sont pas considérés comme du harcèlement sexuel par les jeunes dans un contexte de soirée. Même quand un gros lourd prend une fille par les hanches de force ou réclame un bisou avec insistance, il s'en sort en général sans problème, sauf parfois quelques insultes.
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Un récent rapport de la Fondation Santé et Communauté (Fundacion Salud y Comunidad, en espagnol) soulignait cette terrible réalité et faisait le point sur tous les comportements sexistes qui avaient lieu dans les boites de nuit espagnoles, en grande majorité à l'encontre des femmes. Après avoir recueilli les témoignages de personnes de 18 à 35 ans, la fondation a déterminé 5 niveaux de harcèlement sexuel dans la vie de tous les jours.
Les 5 niveaux de harcèlement sexuel
1. La chosification/objectivation des femmes, notamment à travers les vêtements, les insultes, les commentaires sexistes et les attouchements non consentis
2. Le harcèlement verbal et/ou physique, comme par exemple l'insistance pour payer un verre (avec un objectif sexuel à peine masqué derrière) ou le fait de suivre la personne et d'insister auprès d'elle dans le but qu'elle finisse par "craquer"
3. Se permettre des pratiques non consenties au sein de relations sexuelles qui elles ont été consenties
4. Les agressions sexuelles sur des femmes qui ont consommé des drogues (oui, l'alcool compte comme une drogue) et qui ne sont plus en état de contrôler leurs actes
5. Le viol
Le plus grave, c'est que...
Pour les jeunes générations, les TROIS PREMIÈRES ÉTAPES ne sont PAS considérées comme du harcèlement sexuel !
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Cela explique en partie pourquoi ces trois étapes s'observent - en masse - en discothèque, où toutes les conditions sont réunies.
L'alcool et la drogue sont aussi en cause. L'alcool et la drogue ont tendance à révéler le sexisme latent et leur consommation va de pair avec les actes de violences faites aux femmes. Dans l'ambiance d'une boite de nuit, tamisée, anonymisée, alcoolisée, les comportements déviants ressurgissent plus facilement que dans la vie quotidienne diurne, au travail par exemple.
Pourtant, alcool et drogue fonctionnent aussi comme une excuse. Après une agression sexuelle, on a souvent tendance à demander à l'agresseur : "Vous étiez ivre ?" comme si le fait d'avoir bu constituait une excuse, comme si cela justifiait le fait que la personne n'ait pas pu se retenir de mal agir !
La FSC dénonce le fait que jusqu'à maintenant, les campagnes de sensibilisation ont tendance à s'adresser aux jeunes demoiselles, en leur expliquant de faire attention et de contrôler leur comportement, alors qu'elles devraient s'adresser aux jeunes hommes, en leur expliquant pourquoi il est grave et dangereux de confondre flirt et harcèlement sexiste.
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Vidéo bonus : Pour dénoncer le harcèlement dont sont victimes les femmes, elle fait semblant d'être bourrée !