Ces individus s’identifient à des créatures féeriques, et même à des plantes ou à des chiffres !
Qui sont les xénogenres, ces individus qui disent être des elfes et des végétaux ?
Le documentaire Neurodungeon, diffusé sur l’émission Tracks d'Arte, a braqué les projecteurs sur les xénogenres. Ce sont des individus qui ne se disent ni hommes ni femmes. Mais ce ne sont pas à proprement parler des non-binaires. Ils se définissent en fonction de ce qu’ils croient être. Bienvenue dans cet univers féerique où il n'y a aucune limite à l'imagination.
Aller au-delà de la binarité homme-femme
“Je n'ai pas envie d'être un garçon, je n'ai pas envie d'être une fille, j'ai plutôt envie d'être une espèce d'être féérique”. C’est en ces termes que se décrit Hildegarde au tout début du documentaire Neurodungeon. Cheveux bleus très courts et visage "aux caractéristiques elfiques", ce personnage tout en couleur s’inscrit parfaitement dans la mouvance xenogender.
La racine grecque xeno signifie “autre”. Le terme xenogender, ou xenogenré, en français, désigne tout individu s’identifiant à “un autre genre”. Cet “autre” peut être un objet, un chiffre, un animal, une créature fantastique ou même une idée ou une humeur. Le xénogenré se construit ainsi un avatar (un personnage virtuel) qu’il incarne ensuite dans son existence réelle.
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C’est en 2021 que les xénogenrés se sont retrouvés pour la première fois, pour organiser un festival en vue de promouvoir leurs idées. Le festival cybermédiéval de Narthex s’est tenu sur la presqu’île de Messana, en Grèce. Il a réuni une centaine d’individus. Kaverna, membre du collectif Neurodungeon, décrit la mouvance xénogenrée en ces termes : “On s'éloigne du corps, et on explore d'autres formes xénomorphes, de fantaisie. On ouvre le champ des possibles et on se promène”.
Le mouvement xénogenre a aussi ses propres convictions politiques, très largement inspirées de la doctrine socialiste des années 1920. Ils entendent lutter contre un système qu’ils qualifient de féodal, dominé par le pouvoir des GAFAM. Ils voient le monde comme un jeu vidéo, où chaque avatar aurait ses propres caractéristiques, forces et faiblesses et bénéficierait de conditions de départ aléatoires.
Le xénogenre de plus en plus populaire
Selon la journaliste Alice Pfeiffer, la mouvance xénogenre peut “se définir par association unique, sans passer par une projection matérielle et sexuée.” Ce genre de perspectives est particulièrement populaire auprès des jeunes. 20 Minutes a réalisé un sondage en 2018. Celui-ci révélait alors que 13% des 18-30 ans ne se définissent ni comme des hommes ni comme des femmes. Le mouvement xénogenre a donc de quoi faire de plus en plus d’adeptes auprès de ces jeunes. Ils pourraient y trouver leur véritable identité, en faisant fi des contraintes corporelles et sociales.
xenogender trans ppl r valid pic.twitter.com/tyFHRxAsXG
— trans pos ♡ (@t4tpos) January 11, 2023
Si les xénogenres peuvent prêter à sourire, leur définition est tout aussi reconnue que celles des autres catégories LGBTQI+. Ce genre, à lui seul, regroupe d’ailleurs plusieurs sous-catégories de genres. Depuis 2017, le mouvement xénogenre a même un drapeau. Des bandes colorées servent de toile de fond à un arc de cercle blanc, comprenant lui-même une étoile en son centre. Cette étoile correspond au signe astronomique de l’astéroïde Iris. À ce jour, le hashtag #xenogender compte 56 millions de vues sur TikTok et sa popularité ne devrait pas aller en diminuant.