La présidente du RN entend provoquer un « referendum parlementaire ».
Réforme de retraites : nouveaux rebondissements à l’Assemblée nationale
La réforme des retraites continue de susciter des débats houleux. Son rejet est massif, par la population, s'est traduit par les nombreuses manifestations qui se sont déroulées dans la plupart des villes de France. Le 31 janvier à titre d'exemple, pas moins de 1,3 million de personnes ont manifesté leur mécontentement à travers le territoire.
La situation est tout aussi tendue au sein de l'hémicycle. La Nupes a déposé un nombre record de 17 000 amendements à cette réforme. Face à ce blocage, Marine Le Pen a annoncé son intention de déposer une motion de censure. Cette dernière devrait, selon elle, permettre aux oppositions de clarifier leur position vis-à-vis du projet de loi.
Réforme des retraites : situation bloquée
Les débats concernant la réforme de l'âge de départ à la retraite doivent prendre fin vendredi 17 février à minuit. Les dernières semaines à l'Assemblée ont été marquées par des échanges pour le moins tendus. C'est le ministre de l'Intérieur, Gerald Darmanin lui-même, qui l'affirme : l'Assemblée s'est « bordélisée ». Lundi 13 février, le député LFI Aurélien Saintoul avait qualifié le ministre du Travail, Olivier Dussopt, d'« imposteur » et d'« assassin. » Cette intervention avait provoqué l'indignation générale, et la séance avait alors été suspendue pendant une trentaine de minutes.
💬 "Vous êtes un imposteur et un assassin"
Le député La France Insoumise, Aurélien Saintoul, s'adresse à Olivier Dussopt, ministre du Travail, et provoque une suspension de séance pic.twitter.com/BGsAvi7Aul
— BFMTV (@BFMTV) February 13, 2023
Pour leur part, les députés LFI ont déposé plus de 17 000 amendements à la réforme des retraites. Cette façon de procéder vise à empêcher l'adoption du projet de loi, en allongeant le temps de débat, puisque chaque amendement doit être examiné et débattu longuement. Ce qui pourrait requérir des milliers d'heures de discussions.
Motion de censure
Face à cette stratégie d'obstruction, Marine Le Pen a annoncé son intention de présenter une motion de censure. À l'origine, une motion de censure, si elle est votée, permet de renverser l'exécutif en place et de provoquer un changement de gouvernement. Dans le cas présent, Marine Le Pen entend plutôt forcer les oppositions à prendre leurs responsabilités.
Les 88 députés du Rassemblement national ont justifié leur intention comme suit : « Alors que le délai constitutionnel va toucher à sa fin, il apparaît clairement qu'aucun vote ne sera possible sur l'article 7. (...) Ainsi, afin que les députés opposés à cette réforme puissent exprimer leur rejet de ce texte, le groupe Rassemblement national dépose une motion de censure (...). Sur cette réforme si grave dans ses conséquences, cette motion de censure s'apparentera à un “référendum parlementaire” ».
Le vote de l'article 7 « impossible » en l'état, pour Marine Le Pen
« Les quelques jours de discussions dans l'hémicycle ont montré qu'en réalité, la mesure majeure du texte était bien le passage de l'âge de départ à 64 ans et que le reste des mesures étaient des artifices nullement à même de compenser la brutalité, l'injustice et le caractère antisocial de cette réforme », a justifié la cheffe de file des députés RN. Marine Le Pen a estimé qu'« il serait antidémocratique que les représentants de la nation ne puissent pas s'exprimer sur cette réforme ».
Alors que le gouvernement ne veut pas arriver au vote de l'article 7, nous déposons une motion de censure pour donner la possibilité à tous les députés contre la #RéformeDesRetraites de réellement s'y opposer.
Tous ceux qui ne la voteront pas soutiendront le gouvernement ! pic.twitter.com/1KIE7HjMoq
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 15, 2023
C'est l'article 7 du projet de la réforme des retraites qui cristallise les tensions les plus vives. Celui-ci prévoit le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. « Même si nous allions deux fois plus vite, il faudra 500 heures pour arriver à la fin du texte ; même si l'ensemble de la Nupes retirait l'ensemble de ses amendements, il resterait 309 amendements de la majorité », a expliqué Marine Le Pen sur BFMTV. Elle estime, en conséquence, qu'un vote sur l'article 7 est « impossible ».