Céline Sizaire a partagé son histoire solidaire avec Pause Caféin. La voici, pour vous :
"J’avais douze ans. J’étais un peu ronde, mais très heureuse. J’étais dans une école secondaire magnifique, j’avais plein d’amis, une famille aimante et de beaux résultats. Toutefois, je recevais de nombreuses critiques sur mon physique et, de ce fait, je me sentais mal dans ma peau.
Ma maman m’avait dit qu’en montrant que ces remarques ne m’atteignaient pas, elles cesseraient. C’est ce que j’ai fait. Ça a pris un peu de temps, mais ça a fonctionné. Je me sentais mieux, on ne rigolait plus de moi. Puis j’ai été à la visite médicale, et la doctoresse m’a fait une remarque désobligeante qui m’a particulièrement marquée.
J’avais treize ans. J’ai commencé un régime. Un simple régime, au début. Mais, petit à petit, je mangeais de moins en moins, et presque exclusivement des fruits et des légumes. Je trouvais plein de stratégies pour faire croire que je mangeais, alors que ce n’était pas le cas. Je ne dépassais pas souvent les mille calories par jour, et je calculais tout.
Dans ma tête, c’était un enfer. Je me battais avec moi-même, tout le temps. Une petite partie de moi voulait que je reprenne du poids, car j’avais atteint les 42 kilos pour 1m72, mais une autre, incontrôlable, me punissait de ma pensée, et je mangeais encore moins. J’étais anorexique. Je ne sortais plus - car je ne savais pas ce que j’allais manger ou boire et que j’avais extrêmement froid -, je ne riais plus sincèrement, j’avais mal en m’asseyant, je n’avais plus de règles, je pleurais si on me proposait un petit chocolat… c’était l’horreur.
Mes parents se sont aperçus que je n’allais pas bien, que je ne « gérais » pas comme je le prétendais. On est allés chez le médecin, et j’ai eu le choix : suivre les conseils de ma maman ou aller voir une psychologue et des professionnels. J’ai choisi de faire confiance à ma maman. Elle a fait de nombreuses recherches, m’a listé les ingrédients que je devais manger, m’a soutenue, tout comme mon papa.
Le processus de guérison a été long et douloureux, mais j’en suis sortie. J’ai dû également me débarrasser des TOC que j’avais acquis durant cette période (peser mes tartines, maniaquerie…). Au bout d’environ deux années, quand je fêtais mes 17 ans, j’allais mieux.
Source photo : Facebook / roman.point.virgule
Pendant six mois, j’ai vécu normalement. C’était le rêve. Je sortais, je n’avais plus froid, je redécouvrais la nourriture, j’étais amoureuse… puis je suis tombée dans la boulimie. Je mangeais, je mangeais, tout le temps. C’étaient des pulsions que je devais assouvir. J’avais honte, je me sentais coupable, je grossissais - car je ne me faisais pas vomir - et je perdais le corps de mes rêves. Pour ne rien dire à mon entourage (je ne voulais pas faire de mal à mes proches une seconde fois), je me suis mise à écrire. Cela me permettait d’extérioriser tout ce que je ressentais. Je tenais un journal au jour le jour. J’ai fait d’immenses efforts sur moi-même, et je me suis sortie de là toute seule - avec l’aide inconsciente de mon copain qui, même s’il n’était pas au courant, me soutenais par sa présence à mes côtés et par son amour.
Lorsque mon « journal » concernant ma phase de boulimie a été clôturé - c’est-à-dire six mois après son commencement -, j’ai entrepris de rédiger tout ce que j’avais vécu lorsque j’étais anorexique. En assemblant les deux textes, cela a formé un livre constitué de deux grands chapitres - « Rien » et « Tout », en référence à mes troubles alimentaires -, un roman-témoignage qui relate mon histoire.
Ce livre s’appelle « Point-Virgule » et a été publié par les Editions Poussière de Lune. J’écrivais toutes sortes de romans, de poésies et de nouvelles depuis que j’avais neuf ans. Ce fut mon premier livre publié.
J’espère que ce livre pourra faire comprendre un peu mieux à l’entourage des personnes souffrant de ce genre de troubles ce que l’on ressent lorsqu’on les vit. J’espère également que cela empêchera d’autres adolescent(e)s de tomber dans le même piège que moi, et que, le cas échéant, cela leur prouvera que la guérison est toujours possible.
Dans tous les cas, je pense qu’il faut prendre une réelle distance par rapport aux images que nous font circuler les médias, car cela peut aussi avoir de graves conséquences. Il faut s’accepter tel que l’on est, c’est le principal.
Source photo : Facebook / roman.point.virgule
Aujourd’hui, j’ai dix-huit ans, je pèse 70 kilos pour 1m74, je suis fière de mes formes, je suis fière d’être moi, et personne ne pourra me changer. Je réalise des études de professeur de français-religion et je me sens bien, enfin."
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