Une étude américaine démontre les conséquences graves de la fessée à long terme

Les conséquences à long terme de la fessée sur le cerveau d’un enfant pourraient avoir été sous-estimées jusqu’à aujourd’hui.

Par Aylan-afir Publié le 01/02/2023 à 17:05
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La fessée est une pratique totalement interdite en France depuis la promulgation d’une loi en juillet 2019. Cette loi a permis une prise de conscience collective des méfaits de la fessée sur l’éducation des enfants. Une étude américaine a, par ailleurs, mis en évidence les conséquences à long terme de ce type de châtiment corporel. La fessée affecterait ainsi de manière durable le cerveau des enfants qui ont été fessés de manière régulière.

La fessée toujours très courante aux États-Unis

C’est une étude parue en 2019 aux États-Unis qui le révèle : la fessée est encore très présente dans l’éducation des enfants. Ce sont, en effet, au moins 50 % des parents américains qui ont donné une fessée à leurs enfants au cours de l'année précédente. De plus, 30% des parents ont eu recours à cette pratique au cours de la semaine précédant l’étude. Il semblerait ainsi que la fessée fasse partie intégrante de l’éducation des enfants outre-Atlantique.

La plupart des médecins et des psychiatres sont pourtant formels à ce sujet. L’université d’Harvard a publié une étude dans la revue Child Development. Elle met en évidence les conséquences de la fessée à long terme sur le cerveau des enfants qui en ont été victimes. La fessée activerait les mêmes zones du cerveau que celles qui sont sollicitées pour des formes de violences plus graves. Elle modifierait ainsi la perception qu’ont les enfants des menaces et affecterait de manière permanente leur prise de décision.

Katie McLaughlin est professeure de sciences sociales à Harvard. Voici ce qu’elle déclare, dans un communiqué, au sujet de la fessée : "Nous savons que les enfants dont la famille a recours aux châtiments corporels sont plus susceptibles de souffrir d'anxiété, de dépression, de troubles du comportement et d'autres problèmes de santé mentale, mais beaucoup de gens ne considèrent pas la fessée comme une forme de violence".

Elle poursuit : "Bien que nous puissions ne pas conceptualiser le châtiment corporel comme une forme de violence, en termes de réaction du cerveau d'un enfant, ce n'est pas si différent de la maltraitance. C’est plus une différence de degré que de type".

Une pratique aux conséquences à long terme

L’étude menée par Harvard a comparé le cerveau de 40 enfants ayant été victimes de fessées à celui de 107 autres enfants n’ayant jamais subi cette pratique. On a aussi demandé à ces enfants s’ils avaient déjà été victimes de violences sexuelles ou physiques graves. Les enfants ont également subi une IRM pendant que les scientifiques leur soumettaient des visages d’acteurs affichant des émotions différentes.

Les résultats de l’étude sont criants ! Les enfants qui reçoivent souvent des fessées présentent une plus grande activité neuronale en présence de visages "effrayants". C’est cette même hyperactivité neuronale que l’on observe chez les enfants victimes de violences graves.

Cette similitude dans l’activité neuronale démontre que les conséquences à long terme de la fessée sont comparables à celles de violences plus graves. Les enfants qui n’ont jamais été frappés ou fessés présentent, pour leur part, une activité neuronale totalement différente. Cette étude permet donc de démontrer que la fessée n’est pas un acte anodin. Ses conséquences peuvent être aussi lourdes que celles d'autres violences.

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