Même dans le porno, les clichés racistes ont la vie dure, tout au moins aux Etats-Unis. C’est ce que nous révèle l'acteur et producteur James Deen (lui-même accusé de viol par plusieurs actrices X !), quand il reproche à une actrice blanche de refuser de tourner avec un Noir, et que celle-ci lui répond : "Ça fait seulement cinq mois que je suis dans le circuit je n’ai pas encore fait d’interracial !". La situation est, il est vrai, assez différente de la France, en raison de la persistance des tabous concernant les relations interraciales aux Etats-Unis. Après le SM, le gonzo et le hard, le fait d'avoir un rapport avec une personne d’une autre couleur se révèle être finalement le summum de la transgression.
Selon le magazine Vocativ, "l’industrie pour adultes reflète cette vieille attitude de la société qui soutient encore que la couleur d’un partenaire sexuel peut elle-même être un acte interdit".
James Deen regrette cette vision archaïque, et dénonce un phénomène "latent qui rend difficile le fait d’obtenir n’importe quelle sorte de scène intéressante, ou d’avoir un groupe diversifié de performeurs, car ce qui finit toujours par arriver c’est que chaque scène se transforme en tas de gens blancs, ce qui devient très frustrant".
Les acteurs noirs moins bien payés
Source : scoopnest.com
Ce tabou racial permet même aux actrices blanches d’être mieux payées quand elles tournent avec des Noirs, alors que les hommes ne bénéficient pas du même traitement. Une actrice blanche peut ainsi se voir verser une prime de 2 000 dollars pour le tournage de sa première scène interraciale. A l’inverse, un acteur noir ne reçoit jamais ce genre de prime. Une étude de Mireille Miller-Young, spécialiste des études féministes à l’université de Californie, souligne qu’un acteur ou une actrice porno noir(e) ne gagne que le quart, voire la moitié de ce que touche un acteur ou une actrice de couleur blanche.
L'étude montre également que la carrière des actrices noires est destinée à être plus courte, ce qui les contraint de tourner d’emblée des scènes plus transgressives, afin d’optimiser au mieux leur durée de vie éphémère dans l'industrie du X. Leur éventuel succès tient donc au fait de tourner des scènes plus transgressives, car elles ne peuvent incarner "l’innocence d’une Blanche aux cheveux blonds", selon l’actrice Nikki Darling.
Source : uk.complex.com
Si mettre en scène des acteurs noirs avec des blancs peut être vu comme une marque de diversité, la réalité montre que cela ne conduit pas à une valorisation des acteurs en tant que tels, mais plutôt à la perpétuation de clichés raciaux. Mais d'une manière générale, dans le porno, on joue beaucoup sur les clichés et les fantasmes qu'ils suscitent chez les spectateurs (la beurette de banlieue, le noir au gros sexe, la cougar, la MILF, etc.).
Des actrices qui n'ont jamais tourné avec des Noirs
Source : games.espn.go.com
Autre exemple assez frappant : en 100 films, la pornstar Alexis Texas a reconnu n'avoir jamais tourné une seule fois avec un Noir ! Très souvent, la raison invoquée par ces actrices blanches pour refuser les relations interraciales consiste à invoquer les fait qu’elles viennent généralement de petites villes perdues au fin fond des Etats-Unis. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est souvent la première fois qu’elles rencontrent un Noir (en l'occurrence, dans le cadre professionnel) !
Mais l’excuse la plus insolite reste tout de même lorsque ces dernières expliquent que tourner avec un acteur black risquerait de déplaire à leur famille. Faut-il sérieusement croire que leurs parents seraient moins choqués s’ils découvraient qu’elles sont de véritables stars du porno ? Bien entendu, n’imaginez pas que les Blacks puissent refuser de tourner une scène avec une personne blanche, car ça ne marche que dans un sens !
Pour l'instant, les acteurs et actrices de couleur n'ont pas manifesté leur intention de lutter contre ces préjugés présents dans l'industrie du porno, mais l'avenir montrera peut-être une prise de conscience et une revendication de la part des principaux intéressés, à la manière de ce qui s'est passé dans le cinéma dit "classique", au cours des années 60/70.
La lutte est d'ailleurs toujours active à Hollywood, comme l'a montré l'appel récent au boycott de la cérémonie des Oscars de la part de Spike Lee et Will Smith, qui se plaignaient de l'absence d'acteurs noirs dans le palmarès de cette célèbre récompense.
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