Ni les hommes ni la nature ne sont à l’abri…
Des photos choc des effets du nucléaire 70 ans après Hiroshima et Nagasaki
Ce concombre, cueilli dans un jardin situé proche de Fukushima, a muté et donné des feuilles
Des tomates cueillies dans le même jardin, à côté d'une tomate normale
Des marguerites près de la centrale nucléaire
Le lapin né sans oreilles, à Fukushima
Et les conséquences pourtant désastreuses d'une fuite relativement petite ne sont rien en comparaison avec les souffrances vécues en 1945 après les bombardements nucléaires que le Japon a subi.
Et si dans les deux cas le Japon a agi vite et les Japonais sont restés très dignes, ce peuple a grandement souffert de l'utilisation de l'arme nucléaire.
Dans le souffle de l'explosion, Hiroshima et Nagasaki ont toutes deux été réduites en cendres au niveau de l'hypocentre :
Les personnes se trouvant trop proches de l'explosion ont été rayés de la surface dans une cruauté impitoyable
Les experts pensent que cette photo représente ce qui reste d'une personne qui s'était assise sur les marches, devant la banque. Elle aurait été réduite en cendres dans la seconde de l'explosion. A moins de 250 mètres de l'hypocentre, le corps a brûlé si vite que les dalles, pourtant de pierre, portent toujours la trace de cet inconnu, mort sans nom.
Le 6 août 1945, à 8h15, en une seconde, 75 000 personnes ont été immortalisées dans leurs activités les plus quotidiennes. Pères, mères, enfants, tous ont senti leur corps se désintégrer à une chaleur ayant fait fondre métal et pierre.
Un jeune enfant dans une position d'agonie qui n'a malheureusement pas survécu à ses brûlures, à 700 mètres de l'hypocentre
Les personnes un peu plus "chanceuses" vivant plus loin de l'hypocentre ont été gravement brûlées sur la majorité du corps
On peut voir ici un homme, ayant eu une jambe entièrement désintégrée par l'explosion, dans une position de supplique, brûlé sur la totalité du corps, fusionné avec les pierres du sol. John Hersey, le premier photographe occidental ayant couvert l'évènement, essaie de le soulager en lui versant de l'eau sur le corps, pour le refroidir et atténuer sa douleur. L'homme n'y survivra pas.
A l'issue des heures suivant l'impact, la majorité des grands brûlés, les personnes les plus proches de l'hypocentre ont reçu comme une bénédiction l'arrivée de la mort.
En s'éloignant encore de l'hypocentre, on rencontre des femmes et des hommes dont le motif de leurs vêtements restera à jamais imprimé sur leur corps
Sur cette photo, on aperçoit une femme, dont les coutures de la robe ont pénétré la chair, dans une souffrance semblable à celle que l'on pourrait ressentir en se frottant les doigts sur une corde qui s'enfoncerait lentement dans notre peau.
On fait aussi la rencontre d'un enfant qui deviendra un fervent activiste anti-nucléaire
Cet adolescent a reçu des brûlures chimiques (dues aux radiations ) sur les 3/4 de son corps. Il aura mis 3 ans et 7 mois à se remettre de la bombe, et est devenu papa à deux reprises. Il se souvient de ce qui lui est arrivé :
A ce moment là, je roulais sur mon vélo rouge, dans les rues de la ville de Sumiyoshi, à environ 2 km de l'hypocentre. J'avais 16 ans, et cela faisait 2 ans que je travaillais comme vendeur de journal. Quand c'est arrivé, j'ai été aveuglé par le flash et jeté à près de 3 mètres de là où j'étais. L'explosion est arrivée par la fauche, et mon vélo a été complètement tordu. Je trouvais cela bizarre de ne pas saigner, et je n'ai commencé à ressentir la douleur qu'une fois arrivé dans l'abri sous terrain, environ 300 mètres plus loin. Au moment ou j'ai atteint l'abri, j'ai senti une douleur comme jamais je n'en ai senti traverser tout mon corps. De là, pendant trois jours et trois nuits, j'ai pleuré de douleur, jusqu'à ce qu'on vienne enfin me sauver, et on m'a ensuite envoyé dans une cabane de premiers secours.
Nous n'avions pas de pommade, alors nous utilisions un mélange d'huile et de cendres pour apaiser les brûlures, et j'ai perdu le compte du nombre de fois où j'ai supplié qu'on me tue. J'étais désespéré, seul, et j'avais mal. On m'a opéré, et j'ai échappé à la mort, alors je suis retourné au travail. Parce que j'ai abandonné la vie à ce moment là, je veux me rattraper en me battant contre le nucléaire.
Quelques jours après l'explosion de la bombe, l'important niveau de radiations a rendu extrêmement malade les survivants. A gauche, on peut voir un homme présentant des hémorragies sous-cutanées, et des cataractes. Son journal médical a été rendu publique :
18 août — Remarque cheveux tombent; 19 août — Saignement des gencives, et hémorragies sous-cutanées d'une couleur violette, comme ont peut le voir sur photographie; 30 août — est hospitalisé dans l'hôpital militaire d'Ujina Branch, fièvre le 31.; 1 septembre — Amygdalite, il n'arrive plus à manger. Saignement des gencives ne s'arrête pas, hémorragies ont progressé jusqu'au milieu de son torse; 2 septembre — Est souvent inconscient, Déliriums réguliers. 3 septembre — Mort à 21:30
La plupart de ceux ayant survécu à la première vague de chaleur n'ont pas survécu un mois après l'attaque
Cette photo illustre une tombe commune, à peine creusée par les médecins épuisés qui voyaient sans cesse arriver de nouvelles personnes qu'ils regardaient mourir lentement. En juillet 1952, 7 ans après l'accident, 252 restes humains ont été ressortis de terre dans la ville de Saka, située à 8 ou 9 kilomètres de l'hypocentre. 156 corps avaient été enterrés dans un endroit, et les cendres de 36 personnes ayant été crématisés. Cette photo a été prise à Saka. Dans la même année, 43 corps ont été retrouvés dans ce qui semble avoir été le lycée Yamanaka. Encore aujourd'hui, on retrouve parfois des fosses communes, et certains survivants reçoivent enfin la chance de pouvoir enterrer leurs morts.
Les femmes irradiées pendant le début de leur grossesse ont donné naissance à des enfants difformes, malades, dont la plupart ne survivait pas un an
La plupart des femmes qui n'étaient pas enceintes au moment de l'attaque ont été rendues stériles, de façon irréversible. Les hommes, en revanche, tout du moins certains d'entre eux, ont pu être opérés afin de pouvoir de nouveau donner naissance.
Toutes ces victimes ont reçu le nom collectif de Hibakusha ( 被曝者) littéralement, Victimes de bombe atomique.
Et leur calvaire ne s'arrête pas aux sévices physiques, instantanés ou à court terme, ni au prières incessantes pour qu'on leur accorde un enfant sain
Sur la photo : le peuple japonais prie en souvenir de l'attaque.
En effet, en 1945, les effets de la radiation étaient peu connus : Certains pensaient que les dégâts dus aux radiations pouvaient être transmis d'homme à homme, et, de fait, les Hibakusha sont devenus les ostracisés de la société japonaise.
Les femmes vivant près de Hiroshima ne pouvaient plus se marier, ce qui, dans le Japon de 1945 et même aujourd’hui dans certaines régions, signifiait la mort, sociale et physique. En effet, une femme sans mari et sans enfants ne bénéficiait d'aucune aide quelconque, mise à part celle de ses parents jusqu'à leur décès. Elles ne pouvaient travailler, n'avaient aucun revenu, et la plupart ont choisi de se suicider à la mort de leur père, se sachant sans avenir.
Les hommes, quant à eux, étaient rejetés car ils ne pouvaient trouver du travail, et de fait ne pouvaient entretenir de famille. La plupart des Hibakusha portaient beaucoup de cicatrices qu'il leur était impossible de cacher, et leur laideur, au-delà de leurs soucis d'intégration sociale les rendait repoussants aux yeux de la société.
Le Japon a été, à ce jour, la seule et unique victime du bombardement atomique. Ce que ce peuple a vécu n'a rien d'une guerre normale. La bombe nucléaire tient du génocide de masse et n'a rien à voir avec les bombes dont on entend parler tous les jours à la télévision.
Toutes nos pensées vont aux victimes de cette bombe, au peuple japonais, resté digne et plein d'humilité face à un crime de guerre affectant plusieurs générations.
Pour plus d'informations sur l'utilisation militaire du nucléaire, c'est ici.