Tout a commencé sous la forme d'un jeu. D'un défi plus exactement. Un pote me racontait que sa copine l'avait grillé en train de se masturber. Il était dégoûté, honteux aussi. Nous, on était morts de rire. Mais on s'est lancé un pari. On allait tous arrêter en même temps et on verrait qui tiendrait le plus longtemps.
On avait prévu de donner 25 euros chacun à celui qui tiendrait le plus longtemps sans se toucher la coquillette.
J'avais pris l'habitude de me masturber quasiment tous les jours. Toujours dans la nuit. Toujours en regardant du porno. Et toujours avec ma copine en train de dormir dans la chambre juste à côté. C'était normal pour moi. Un moyen comme un autre de relâcher la pression.
Je pensais que je tiendrais 2-3 jours, pas plus. Mais j'ai tenu plus d'une semaine. Et j'ai gagné le pari.
Avec l'argent récolté (on était 5 à parier, donc j'ai amassé 100 euros), j'ai invité ma copine au resto. On a bu du vin. Elle était heureuse, plus que d'habitude et je me suis dit : "Peut-être est-ce parce que j'ai fait plus attention à elle que d'habitude. On a plus parlé. Je me suis moins irrité..."
Était-ce dû à mon abstinence ?
J'ai alors décidé de prolonger l'expérience. D'une semaine, je suis passé à un mois d'abstinence masturbatoire.
A cette époque, tout n'allait pas super bien dans ma vie. J'avais un job plutôt bien payé, mais hyper stressant et pas super intéressant. J'avais une petite amie qui m'aimait, mais je n'étais pas sûr d'éprouver les mêmes sentiments pour elle.
Les choses ont commencé à s'améliorer. Le matin, j'allais au travail avec le sourire. Je commençais à me sentir plus épanoui, je discutais à la pause café, je prenais la parole dans les réunions, et je me sentais écouté. Même ma voix semblait plus grave !
Le soir au dîner, j'arrêtais de marmonner des monosyllabes. Je racontais mes journées à ma copine avec plus d'enthousiasme, et je l'écoutais me raconter les siennes sans rechigner. Je réalisais que je vivais ma vie pour de vrai.
Ce mois de test s'est bientôt décuplé en 6 mois. C'est au bout de 6 mois que j'ai commencé à faire le bilan et à analyser ce qui m'était arrivé ces derniers temps. Et mes conclusions m'ont fait froid dans le dos.
En réalité, le porno avait totalement conditionné ma vie. Et jamais je ne l'aurais réalisé si je n'avais pas pris la décision d'arrêter de me masturber pendant un moment.
Pendant des années, j'avais programmé mon cerveau et j'en avais fait un organe hyper sexué. Pour moi, la consommation de porno était quelque chose de tout à fait normal. Alors que j'étais dépendant. Mes journées devaient se terminer par ce moment censé me procurer la sérénité qui me manquait ailleurs.
Tous les soirs, je trahissais la confiance de ma copine et chacun de mes fantasmes assouvi sans elle m'éloignait d'elle, physiquement et mentalement.
La dépendance n'était même pas le vrai problème. Ce n'était qu'un symptôme, un signal m'avertissant que je m'éloignais de moi-même. Je m'éloignais de mes vrais sentiments, de mes vrais besoins. De mon intégrité, de mon honnêteté, de ma compassion, de mon intimité. De ma petite amie. Je m'éloignais d'une vie digne.
Ma décision était prise : j'arrêtais de regarder du porno définitivement
Au bout de 9 mois, les résultats étaient évidents. J'irradiais de confiance. Les autres me regardaient avec admiration, les hommes avec respect, les femmes avec envie. J'étais quelqu'un d'autre.
Mais un jour, quelque chose d'étrange s'est produit.
Un vendredi soir, je me suis endormi sur le canapé en regardant la télé. Ma copine a essayé de me réveiller pour que je me mette au lit, sans succès. Je me suis réveillé à 3h du matin, complètement à l'ouest. Et devant moi, à la télé, un film porno défilait. Horreur !
Quelque chose s'est bloqué en moi. Une sorte d'angoisse qui m'a serré le coeur. J'ai revu tous ces moments que j'avais perdus derrière mon écran d'ordi à me masturber devant mille et une scènes plus obscènes les unes que les autres.
Depuis ce jour, j'ai changé. Tout ce qui évoque le sexe me bloque. Les blagues salaces de mes potes. Les clips de Miley Cyrus ou de Nicki Minaj. Je n'arrive même plus à faire l'amour avec ma copine.
Elle n'a pas compris pourquoi. Ces derniers mois, notre relation avait retrouvé la passion des débuts. Mais c'est fini. Toute insinuation, toute manifestation de désir me refroidit. Je me sens coupable de quelque chose.
Ma copine a fini par me quitter. Elle ne pouvait pas vivre avec quelqu'un qui refuse tout contact physique. Je lui ai dit que je comprenais. Elle a tenté de savoir si j'avais fait quelque chose pouvant expliquer ce revirement soudain de comportement. Mais non : je la trouve toujours aussi jolie, je ne l'ai pas trompée, elle n'a rien fait de mal.
Le problème semble être lié au porno. En arrêtant de consommer des films X, j'étais enfin devenu la personne digne que je voulais être. Mais en 9 mois, j'ai perdu ma copine et l'envie de faire l'amour. Y a-t-il un juste milieu à tout ça ? Aujourd'hui, je me pose la question.
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