Dans notre société, on a tendance à tout ramener au mérite et au travail : si on a les meilleures notes, si on est le plus fort, si on se bat et si on ne lâche rien, on réussit. Ceux qui ne réussissent pas ne se sont pas battus assez dur, un point c'est tout.
Mais des chiffres de l'INSEE remettent en question cette manière de réfléchir.
Preuve numéro 1 : de nombreux SDF sont diplômés des hautes études !
On apprend que parmi les sans-abri francophones, 14% ont suivi des études supérieures et 10% d'entre eux ont même obtenu un diplôme dans l'enseignement supérieur !
On observe deux profils assez distincts parmi ces SDF diplômés :
- des hommes d'âge mûr (environ 60 ans) issus des classes sociales les plus pauvres, souvent seuls, qui ont été diplômés en France il y a longtemps.
- des femmes ayant souvent entre 30 et 50 ans (parfois avec enfant(s) et souvent en couple), issues de classes moyennes et ayant été diplômées à l'étranger.
Philippe Cordazzo et Nicolas Sembel, les auteurs de l'étude, appuient leurs chiffres : "les diplômés du supérieur sans domicile existent et leur nombre est loin d'être négligeable".
Source photo : with-one-voice
Souvent, les sans-abris diplômés ont connu la perte de leur domicile assez tardivement (par rapport au reste des SDF), soit à cause d'un déclassement de leur diplôme ou de leur profession, soit à cause d'une discrimination à l'embauche, lorsque la personne est étrangère et que son diplôme l'est aussi.
Où sont ceux qui claironnent que ceux qui le veulent réussissent toujours ? Les conditions de concurrence à l'emploi sont telles que tant qu'on ne changera pas notre rapport au travail, le nombre de personnes de talent laissées sur le carreau ne faiblira sans doute pas.
Preuve numéro 2 : environ 25% des SDF de moins de 65 ans travaillent !
Eh oui, 1/4 des SDF travaillent, mais leur rémunération précaire ne leur permet pas de s'en sortir. Une statistique qui met une sacrée claque à ceux qui disent que ceux qui sont dans la misère sont simplement des feignants !
Parmi ceux qui ne travaillent pas, la moitié déclare être au chômage. Enfin, environ 1 sur 10 ne peut pas travailler, soit parce qu'il est en situation de demande d'asile, soit parce qu'il est en congé maladie depuis plus de 3 mois. Pour la grande majorité d'entre eux, la seule ressource financière est le RSA, qui ne permet pas de se payer un toit et de la nourriture, on le sait bien.
Rappelons que le nombre de SDF explose en France depuis quelques années, et notamment la crise de 2008. Selon l'étude de l'INSEE, entre 2001 et 2012, le nombre de sans-abris en France a augmenté de 44%, et sur les 112 000 SDF recensés, 31% sont des enfants.
D'où qu'ils viennent, diplômés ou non, nos SDF méritent mieux que de vivre à la rue.
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