Qu'est-ce qu'un guitar hero ? Une définition préalable s'impose avant tout classement. Il ne suffit pas d'être un guitariste de rock pour être un guitar hero. Le guitar hero doit à la fois avoir eu un impact notable sur l'histoire du rock (critère de notoriété), faire preuve de virtuosité et d'inventivité technique, sans pour autant négliger le talent de compositeur et de mélodiste.
Ainsi certains guitaristes de renom ne sont pas considérés comme des guitar heroes, car ils ne remplissent pas toutes les conditions : Kurt Cobain ou Robert Smith, par exemple, sont reconnus comme des guitaristes dans l'histoire du rock, mais pas pour leur virtuosité. Buckethead ou Michael Angelo Batio sont des grands virtuoses, mais pas assez connus du grand public. Quant à BB King ou John Mc Laughlin, ils pratiquent une musique qui n'est pas à proprement parler du rock (blues, jazz), même si elle lui en emprunte des éléments.
Nous vous proposons donc un classement qui pourra paraître subjectif à certains, mais qui s'efforce de recouper plusieurs classements consultés ici ou là dans des revues spécialisées.
1. Hendrix, le prototype du guitar hero
Source : gentside.com
S'il ne devait y en avoir qu'un seul, ce serait celui-là. Hendrix fait figure de prototype même du guitar hero : il a connu une carrière fulgurante, qui l'a amené à révolutionner l'histoire du rock. Sa virtuosité hors pair a considérablement relevé le niveau d'exigence technique des guitaristes, laissant loin derrière lui tous les épigones d'Elvis ou Chuck Berry.
Venu du circuit blues américain avant de débarquer à Londres à la fin des sixties, Hendrix a assimilé toutes les techniques des guitaristes américains de ce genre musical, en y ajoutant des éléments venus à la fois du funk, de la soul et du rock psychédélique, et en pratiquant un jeu de scène spectaculaire (jeu avec les dents, derrière son dos, etc...). Capable d'improvisations interminables, il subjuguait son public par sa sensualité et sa fusion avec son instrument, avec lequel il semblait littéralement faire l'amour en scène. Il a aussi apporté nombre d'innovations dans le son du rock : amplificateurs poussés à fond, utilisation du larsen et de la distorsion, des pédales d'effet, du vibrato, etc.
Tous les guitaristes du rock lui doivent quelque chose, parfois même sans le savoir, et il mérite donc de figurer en tête de notre classement.
2. Eric Clapton, le white british bluesman
Source : playnotes.fr
La notoriété soudaine d'Hendrix a mis à mal l'hégémonie d'Eric Clapton sur la scène rock. Celui que des graffitis londoniens gratifiaient alors du nom de God ("Clapton is God") a vu d'un oeil consterné la montée en puissance de Hendrix, dont la virtuosité excentrique et polymorphe semblait rendre obsolète la technique placide et bonhomme de Clapton. Pour autant, il ne faudrait pas négliger l'importance de celui-ci dans l'histoire de la guitare rock, d'abord par sa capacité à assimiler tous les plans des plus grands guitaristes du blues américain (en particulier BB King), et à les rendre accessibles au grand public européen.
S'ajoute à cela ses talents de compositeur et de mélodiste, illustrés par quelques tubes majeurs, tels que Sunshine of your Love, Layla, Cocaïne et tant d'autres. Pour cette raison, il mérite la 2e place de notre classement.
3. Jimmy Page, le sideman de légende
Source : wmmo.com
L'essentiel de la carrière et de la formation musicale de Jimmy Page s'est faite dans les années 60, en tant que musicien de studio (sideman). Le nombre de groupes et de musiciens auxquels il a apporté sa contribution guitaristique, le plus souvent de manière anonyme, est considérable, même hors du Royaume-Uni (Polnareff, Johnny, Eddy Mitchell). Cette expérience a permis au guitariste de cultiver sa virtuosité.
Mais sa renommée historique réside surtout dans sa participation au groupe Led Zeppelin, qu'il a fondé en 1968 avec le batteur Jason Bonham, le bassiste John Paul Jones et le chanteur Robert Plant. Ce groupe peut être considéré comme l'un des pères du hard rock, mais il a surtout contribué à enrichir le rock par des emprunts aux répertoires orientaux, le recours à la virtuosité, les compositions complexes et des shows démesurés. L'aventure Led Zep prend fin en 1980, suite au décès du batteur, mais Jimmy Page continue de participer occasionnellement à diverses collaborations musicales.
4. Jeff Beck, le génie du vibrato
Source : zealnyc.com
A l'instar de Clapton et Page, Jeff Beck a fait partie, dans les années 60, des Yardbirds, groupe britannique ayant décidé d'insuffler un vent de virtuosité et d'authenticité dans le rock anglais, en puisant dans le répertoire du blues américain. Avant que Page ne saborde le groupe à la fin des années 60 pour fonder Led Zep, Jeff Beck a été, après Clapton, le 2e guitariste à contribuer à cette aventure musicale. Sans doute le moins connu des trois, il a pourtant posé les jalons de ce qui sera l'avenir du rock : son saturé et larsens, bottleneck, pédales d'effet, et surtout un phrasé inimitable, fondé sur l'utilisation savante du vibrato.
On ne retient de Jeff Beck que son rôle de pionnier, ouvrant la voie au succès d'Hendrix, mais il mérite mieux que cela. Il participe également, dans les années 70, au mouvement de fusion entre le jazz et le rock, avant de revenir au blues par la suite, tout en collaborant à des grands figures de la pop et du rock (Rod Steward, Joss Stone).
5. Keith Richards, le créateur de riffs
Source : youtube.com
La place de Keith Richards dans cette liste est un peu à part, puisque sa virtuosité peut paraître discutable. Mais c'est paradoxalement parce qu'il a simplifié le jeu guitaristique, en s'inspirant du principe des accords ouverts présents dans le blues, qu'il a apporté sa contribution au rock. Cela lui a donné un jeu solide, peu enclin au jeu soliste échevelé, mais permettant d'épanouir son talent de mélodiste, créateur de riffs. Le riff est ce thème mélodique joué à la guitare, qui donne tout sa couleur et sa personnalité à un tube. Jumpin’ Jack Flash, Paint it Black ou (I Can't Get No) Satisfaction en sont des illustrations, ouvrant la voie à bien d'autres riffs, tel celui, si célèbre, du Smoke on the Water de Deep Purple.
6. Carlos Santana, le latin rocker
Source : infos-reveil.fr
Carlos Santana a fait une entrée fracassante sur le devant de la scène rock lors du festival de Woodstock, en 1969, au sein du groupe Santana, qu'il a créé. Il y montre une grande virtuosité ainsi qu'une grande expressivité en jouant sur sa guitare Gibson SG, grâce à un jeu facilement reconnaissable dès les premières notes. Ce jeu se caractérise par son caractère très lyrique et chantant, avec un son saturé rond et chaud, ainsi que par l'utilisation des techniques du blues (bend, legato ou encore les glissés et tirés). Il sait mêler des influences du répertoire mexicain (Carlos est originaire du Mexique, même s'il vit aux Etats-Unis), américain et jazz, avec une couleur de son très latino (apport des congas, et autres percussions sud-américaines). Auteur de tubes mémorables tels que Europa, Black Magic Woman, ou Maria Maria, il continue, à l'âge de 68 ans, de tourner sur les scènes du monde entier.
7. Ritchie Blackmore, the Deep Purple hero
Source : metalnexus.net
S'il ne devait y avoir qu'un seul riff de guitare, ce serait sans doute celui, universellement connu, de Smoke on the Water, que l'on doit à Ritchie Blackmore, le guitariste de Deep Purple. Soliste hors pair et rythmicien hargneux, réputé pour ses improvisations, capable d'enchaîner une cantate de Bach à un boogie des plus torrides, Blackmore est considéré comme l'un des grands guitar heroes de l'école anglaise, aux côtés de Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page.
Adepte du vibrato et du feed back dans les années 1970, il a apporté la vitesse et l'élégance au rock et, malgré un caractère arrogant et agressif, il reste avec sa Fender Stratocaster, l'archétype du guitariste des années 1970. Un modèle de stratocaster porte son nom. Son style repose sur l'utilisation de la pentatonique mineure, de la gamme blues et de phrases néo-classiques utilisant les cordes à vide et les gammes mineures naturelle et harmonique". Il influencera, par la suite, des guitaristes comme Yngwie Malmsteen ou Eddie Van Halen (voir infra).
8. Eddie Van Halen, l'inventeur du tapping
Source : counterkicks.com
L'importance d'Eddie Halen dans l'histoire du rock est comparable à celle d'Hendrix. Largement autodidacte, comme ce dernier, Van Halen a lui aussi apporté une spontanéité et une créativité tant mélodique que technique, qui s'est manifestée notamment par le développement d'une méthode de jeu dite "tapping à deux mains", consistant à taper les notes directement sur le manche avec les doigts de la main droite (pour les droitiers), et à faire de même avec les doigts de la main gauche. Le résultat est une vélocité d'exécution considérable, qui permet toutes les acrobaties possibles.
Eddie Van Halen a fondé, avec son frère batteur, le groupe Van Halen en 1972, qui a eu un grand succès, en particulier dans les années 70 et 80, grâce à des tubes tels que Jump, Panama, Hot for Teacher, et bien d'autres. Le jeu polyvalent d'Eddie se conjugue avec sa fougue et son inventivité, contribuant à faire de lui l'un des plus grands guitaristes de l'histoire du rock.
9. Brian May, le guitariste astrophysicien
Source : tracks.arte.tv
Brian May n'est pas seulement le guitariste emblématique du groupe Queen. Il est aussi titulaire d'un doctorat d'astrophysique obtenu le 23 août 2007, et portant sur "les vitesses radiales dans le nuage de poussière zodiacal". Voilà qui est assurément peu commun dans le monde du rock ! B. May avait interrompu la rédaction de sa thèse en 1974, lorsqu'il avait délaissé ses études pour se consacrer au groupe Queen.
Parmi les guitaristes de rock célèbres, il a la particularité de jouer un modèle unique de guitare, la Red Special, qu'il a lui-même construite, contribuant à créer un son unique et facilement identifiable. Son apport au sein de Queen est d'avoir introduit un son rock assez agressif et proche du hard rock, alors même que les compositions du groupe sont de nature très éclectiques, conjuguant les synthés, les références à la musique classique et à la pop musique, et la virtuosité vocale de Freddy Mercury. Il a pris ses distances avec sa carrière musicale depuis la mort du chanteur de Queen en 1991.
10. The Edge, l'anti-guitar hero
Source : youtube.com
Si David Howell Evans, alias The Edge, est surtout connu en tant que guitariste de U2 (seule formation proche du courant New-Wave à figurer dans ce classement), il mérite également d'être distingué par le fait que sa technique semble refuser obstinément de figurer dans la catégorie des guitaristes virtuoses. Refusant les solos démonstratifs et m'as-tu-vu des guitaristes de hard rock, The Edge semble au contraire privilégier le jeu épuré et les ambiances planantes, grâce à l'utilisation de pédales d'effet tels que le delay, le chorus et autres modulations synthétiques.
L'énergie rock n'est cependant pas absente de son jeu, comme en témoignent notamment les morceaux de l'album War, qui a propulsé le groupe sur le devant de la scène. Sa personnalité musicale unique méritait d'être saluée dans ce classement.
D'autres génies de la guitare et leurs histoires vous attendent en page 2 !
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