Médecins du Monde voulait lancer une campagne publicitaire choc pour dénoncer le prix exorbitant de certains médicaments et traitements, et le fait que de nombreuses personnes se retrouvaient incapables de se soigner convenablement, en France. Mais l'ONG a du faire face à de nombreuses censures, notamment de la part des gestionnaires de panneaux publicitaires JCDecaux, MediaTransports et l’Insert.
L'ONG Médecins du Monde voulait provoquer un débat sur le prix trop élevé des nouveaux médicaments grâce à des affiches percutantes. Mais c'est finalement la censure dont a été victime l'organisation qui a permis de faire la lumière sur un problème pas suffisamment mis en avant.
Car plutôt que de placarder ses affiches partout, Médecins du Monde a dû limiter sa campagne publicitaire à Internet. Un scandale, au pays de la liberté d'expression.
Découvrez ces fameuses affiches ci-dessous.
Le marketing "coup de poing" de Médecins du Monde
Source photo : Médecins du monde
Certes, les affiches de Médecins du monde sont osées - voire un peu agressives diront certains - mais le problème qu'elles décrivent mérite qu'on s'y arrête.
"Bien placé un cancer peut rapporter jusqu’à 120 000 euros"
"Une leucémie, c’est en moyenne 20 000% de marge brute"
"Une épidémie de grippe en décembre, c’est le bonus de fin d’année"
La communication de Médecins du Monde se défend de faire dans la surenchère et explique s'être appuyé sur des études précises pour les chiffres qu'elle donne. Par exemple, elle explique :
La mise sur le marché du sofosbuvir, le premier des antiviraux à action directe efficace contre l’hépatite virale C, a agi comme un révélateur des dysfonctionnements en matière de production et de fixation du prix des médicaments. Le traitement de douze semaines est en effet vendu 41 000 euros par patient alors qu’il ne coûterait que 100 euros à produire.
De la même manière, le Glivec (traitement contre la leucémie), est vendu 40 000 euros par an et par personne tandis qu'il coûterait seulement 200 euros environ à produire. Et ce ne sont pas les seuls exemples. Évidemment, la sécurité sociale prend en charge, mais pour combien de temps ? Les labos privés mettent en péril le fonctionnement solidaire de la santé en France.
Des arguments contradictoires
Le Leem, syndicat professionnel des industriels du secteur de la pharmacie, a évidemment réagi à la polémique en dénonçant les "propos outranciers et caricaturaux tenus par Médecins du Monde" :
Imaginer que les entreprises du médicament spéculent sur l’aggravation de certaines maladies comme le cancer du sein n’est pas seulement injurieux pour les industriels, c’est également particulièrement choquant et irrespectueux pour les millions de personnes qui se battent quotidiennement contre la maladie. [...] L’arrivée d’innovations thérapeutiques majeures dans le domaine des maladies infectieuses ou en oncologie est avant tout une bonne nouvelle pour les patients.
Qui croire ? Quand on sait que le système fixant le prix des médicaments se fait entre industriels, sans aucune présence de professionnels de santé, d'usagers des futurs médicaments ni de représentant de l'état, on a du mal à croire à la bonne foi des lobbies pharmaceutiques.
A quand une transparence et un encadrement des prix de ces médicaments et traitements qui peuvent sauver des vies ? Et surtout, comment peut-on tolérer que des entreprises d'affichage refusent cette campagne dans un pays qui dit se battre pour la liberté ?
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