L'anorexie est une perte d’appétit dont on ne connaît pas exactement les causes. C'est une maladie complexe qui met les patients dans un état de souffrance extrême, aussi bien mentalement que physiquement. Pour mieux comprendre dans quel état se retrouvent les malades, ces derniers ont témoigné sur Internet et livrent chacun une histoire poignante. L'anorexie n'est pas une maladie de fille égoïste et superficielle, c'est plus profond que ça. D'ailleurs, même les hommes peuvent être touchés.
1. N’importe qui peut être touché par l’anorexie
"Il y a trois ans, en quatrième, j'étais vraiment heureuse, épanouie, je vivais pleinement et j'étais heureuse de vivre même si je manquais parfois de confiance en moi. Seulement voilà, en troisième, tout s'est précipité. Alors que j'avais tout pour être heureuse : une super classe, de super profs, une super famille, de super notes, de super amis ; je ne sais pas encore exactement pourquoi mais j'ai commencé à me sentir mal, sans importance vis à vis des autres. Petit à petit, je me sentais de plus en plus mal-aimée, différente, je sentais que je n'avais pas ma place avec les autres."
"J’ai 46 ans. Je viens seulement de "réaliser "que je suis anorexie, et depuis toute petite ! L'anorexie n'est pas seulement une question de poids à prendre ou à perdre, c'est une prison. Une prison d'angoisses, de manque de confiance en soi, de violence envers soi. Le déni de cette maladie a été long. Je n'étais pas anorexique puisque je ne vomissais pas... Ce n'est pas aussi "simple" que cela... C'est plus vicieux."
2. Au départ, c’est juste 1 ou 2 kg en moins
"Tout allait bien. J’ai toujours été sportive et assez costaud (je fais de la gym et du cheval depuis mon enfance) et j’ai simplement voulu perdre quelques kilos pour m’affiner. C’est là que tout a dérapé. Très vite, je me suis sentie dans l’impossibilité de manger, j’avais peur, je ne contrôlais plus rien. J’ai maigri de 10 kg, puis mon poids a continué à dégringoler à mon retour en France… En quelques mois, je suis passée de 62 kg à 40 kg, pour 1,71 mètre !"
3. On culpabilise tout le temps
"J'ai du perdre X kilos en 4 mois, méconnaissable, avec tous les problèmes qu'entraînent les carences... Je m'émiettais. Plus à l'aise dans aucune situation. Je culpabilisais quand je mangeais un gâteau. Je culpabilisais quand je ne mangeais rien".
"Ma famille ? Mon père, médecin, est très compréhensif et à l'écoute. "Fille à papa" (et papa à fille) je m'en veux tellement de lui faire tout ce mal car en réalité, ma famille le (me) subit comme un véritable calvaire.
J'ai fait de ma maison un enfer. Des réactions à fleur de peau, de l'insolence, de la culpabilité, de la stoïque-té, tel un "je m'enfoutiste" exacerbé du monde qui m'entoure, une souffrance souvent perçue comme de l'égoïsme, une impuissance perçue comme de la fainéantise".
4. On a envie de s’en sortir
"Ça fait près de 10 ans que j'essaie de m'en sortir et ça peut aller quelques mois mais ça revient toujours. Le problème est toujours le même, je ne tolère pas de me voir ronde (je suis passée de 34 kg a 80 kg pour 1m60)".
5. Nous ne sommes pas notre maladie
"Vous êtes fragile psychologiquement" ou bien "vous avez des problèmes psychologiques". J'en peux plus d'entendre me dire cela car je me définis autrement. Certes l'anorexie fait partie de moi mais elle ne fait pas de moi la personne que je suis.
J'aimerais qu'on voit l'enseignante pas trop mauvaise que je suis, le dévouement que j'ai pour mes élèves, le respect des autres. Je suis triste qu'une malheureuse parole se soit transformée en litanie et que, du coup, il me prenne pour une "folle" ou une pauvre fille".
6. Se nourrir est plus difficile qu’on ne le pense
"Je n'arrive pas à manger. Je mange mais très peu de choses. Je mange toujours la même chose. J'ai l'impression d'avoir mes repères comme ça. Dès qu'il y a un changement, je panique. Et même s'il y a des choses que j'arrive à manger sans trop de difficultés, je regrette".
7. On se trouve moche et squelettique mais notre cerveau veut maigrir
"Me peser était devenu mon obsession, dès que je gagnais 100 g, j'en étais malade. L'anorexie était devenue ma drogue, mon délire, ma paranoïa, cette petite voix qui me disait MAIGRIS MAIGRIS me hantait nuits et jours".
8. C’est un cercle vicieux
"J'ai commencé à me battre, pour combler mes carences, pour reprendre des forces, réussir ma deuxième année de prépa, intégrer une école, reprendre ma vie où je l'avais laissé. Je me forçais à manger des féculents, aliments interdits, avant mes épreuves, pour pouvoir rester concentrée, pour réussir. J'ai du recommencer à manger de la viande, du poisson, progressivement, toujours en comptant les calories et en augmentant progressivement... 800, puis 900. J'ai stagné longtemps à ce stade, tentée à nouveau par la nourriture, je me laissais parfois aller, pour ensuite me faire vomir, sombrant ainsi dans l'anorexie vomitive".
9. La guérison est longue
"J'ai continué à "vivre" dans cette souffrance permanente et dans le désespoir. Quand soudain, il y a un an (à 25 ans, donc après 10 ans de galère), déclic ! D'un coup j'ai su dire m**** à la maladie ! J'y croyais à peine ! Après 10 longues années, j'allais m'en sortir ??? Pourtant, rien de spécial ou de nouveau ne m'est arrivé à ce moment-là !"
10. On a besoin d’être soutenu
"Ma mère m'a beaucoup écouté toute cette période, beaucoup soutenu, m'a écouté à minuit au téléphone lui parler de mon angoisse de l'IMC. Sans jamais admettre à haute voix que j'étais anorexique, ça n'a jamais été dit d'ailleurs. Ça reste encore tabou je pense. Mais elle ne m'a jamais perdu de vue".
"Lorsque je regarde derrière, je remarque que j'ai fait un bon bout du chemin. J'en remercie mes proches d'avoir et d'être toujours là pour m'épauler parce qu'au fond je sais que je ne suis pas toute seule face à la maladie mais qu'il y a mes proches, mes amis, mon médecin, et ma force face à cette maladie. Et ça c'est important de le savoir pour moi".
"A toutes les personnes souffrant d'anorexie ou qui en connaissent, sachez que : "Il est possible de s'en sortir. Cela demande du courage, patience et persévérance, de l'aide mais aussi de la volonté contrairement aux idées reçues. On ne s'en sort qu'à partir du moment où l'on décide de changer son état d'esprit."
"La guérison c’est long, c’est dur, c’est fatiguant, ça fait peur aussi, mais c’est possible ! Avec beaucoup de courage, de volonté, de patience et de soutien, on peut guérir. L’anorexie (les TCA) n’est pas une fatalité, on peut guérir. Nous ne sommes pas notre maladie. Ne baissez pas les bras face à la maladie, battez vous, donnez toutes l’énergie que vous avez, on peut tous y arriver. Et ne laissez plus des chiffres dicter votre vie".
Si vous avez été touchés par ces témoignages, partagez-les pour donner de l'espoir aux malades !
Bonus vidéo : L'appel à l'aide poignant de Rachael, cette anorexique de 20 kg
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